« Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre. »
                                                                                            
                                                                                                       (Gn 1 : 1)

« C'est moi le Créateur qui a fait toutes choses.
C'est moi qui ai déployé les Cieux et qui ai forgé la Terre. »


                                                                                                                (Is 44 : 24)

« Tout a été créé par Lui, il est en amont de tout et la cohésion de tout.
Il est le commencement, la tête du corps de l'univers. »
                                                                            
                                                                                                                                          (Col 1 : 16-18)

 

 
 



Un univers un et cohérent

   L'univers est un ouvrage cohérent, il est comme un, depuis les premiers jusqu'aux derniers, car il dépend d'un seul Dieu comme le corps dépend de son âme. L'univers a été créé ainsi, afin que Dieu puisse être tout-présent, tenir sous son auspice toute et chacune des choses qui le composent et le contenir perpétuellement comme un.

    Ce grand système, qu'on appelle l'univers, est un ouvrage cohérent et comme un depuis les premiers jusqu'aux derniers, parce que Dieu en le créant, a en vue une seule fin, qui est la formation d'un Ciel angélique formé par le genre humain, et les moyens pour cette fin sont toutes les choses dont le monde est composé.

   Celui qui contemple le monde comme un ouvrage qui contient les moyens pour cette fin, peut contempler l'univers créé comme un ouvrage cohérent et comme un. On peut voir que le monde est un enchaînement d'usages en ordre successif pour l'humanité, à partir de laquelle est formé le Ciel angélique.

(???)

    Chaque chose créée est en elle-même inanimée et morte, mais est animée et vivifiée par ceci : le Divin est en elle, et elle est dans le Divin.

(DA 53)

    Toute chose créée est, de par sa nature, un réceptacle du Divin, et elle peut être unie à lui parce qu'elle a été créée en Dieu et par Dieu. Et puisqu'elle a été créée de cette manière, chaque chose est comme une analogie, une image du Divin dans un miroir.

(DA 56)

     Toutes les choses de la création sont pleines de Dieu, et toutes prennent part à cette plénitude.

(VRC 364)

 
 

    Tout est un, ou plutôt, "distinctement un", en cela que la Création tout entière est l'expression, la manifestation du principe créateur et animateur de l'univers. Ce principe créateur, que la Tradition nomme "Dieu" ou le "Divin", est, de par sa nature, infini et éternel, tandis que l'univers, lui, est fini et temporel. Mais cette finitude et cette temporalité sont, paradoxalement, les réceptacles, les vaisseaux mêmes de l'infinitude et de l'intemporalité Divines.

    Par ailleurs le but ou le sens même de la Création, c'est "la créature", partenaire conscient et surtout consentant du Créateur. Cet univers doit sa miraculeuse cohésion, par-delà l'indéfinie diversité des êtres et des mondes, à deux choses. Au fait tout d'abord que le créé jaillit de la bouche même de l'incréé, il est formé et animé par son souffle qui est Vie. Il doit, en second lieu sa cohésion et son unité au fait qu'il a un but, une fin ultime, qui est celle de voir émerger à travers la grande épopée de l'évolution universelle, un véritable partenaire, "une épouse" dans la symbolique biblique, celle d'une humanité en voie d'accomplissement.

    La vision de Swedenborg est grandiose, peut-être trop au goût de certains. L'homme créature accomplie de Dieu, au point que l'univers entier serait comme soumis à ce seul projet ? N'est-ce point là une vision par trop anthropomorphique si ce n'est même anthropocentrique ? Une vision qui pourrait sans doute faire sourire biologistes et astrophysiciens, pour son apparente naïveté. Une des choses qui caractérise l'homme, c'est bien sa folie des grandeurs, aussi présomptueuse qu'ignorante !

    Pourtant, si l'on fait l'effort de rentrer dans sa vision et de comprendre sa logique interne, force-nous est de reconnaître qu'il ne s'agit pas tant d'un anthropocentrisme que d'un "anthropo-théisme". En effet sa vision oblige à un renversement total de logique. L'homme n'est homme que parce que le Divin est l'Homme lui-même, et qu'il est sa créature privilégiée, "élue". L'univers est l'écrin de cette créature appelée à devenir symboliquement "épouse" de Dieu, c'est-à-dire partenaire consciente et aimante. Quel but pourrait-il y avoir de plus beau, de plus haut, de plus fou, que celui de cette symbolique noce "divino-humaine" du Créateur et de sa créature, dont la Création entière serait l'écrin ?

 

    

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