L'ordre de la vie dans l'homme doit être entièrement retourné
afin que les derniers deviennent les premiers
et que par sa tête il soit dans le ciel.

   
 
 

Le grand retournement

    Chez l'homme dès la naissance l'ordre de la vie a été renversé, et cet ordre renversé doit être retourné, afin que l'homme puisse être régénéré.

  (DC 179)

    Quand l'homme est régénéré il doit être entièrement retourné, et quand il a été retourné, il est par la tête (l'esprit) dans le ciel.

 (AC 8995)

    Dans la régénération l'ordre de la vie est entièrement retourné, car le régénéré est dans l'ordre du ciel, et alors ce qui avait été le dernier devient premier.

  (AC 3332 ; 5122 ; 8512)

    Quand l'homme spirituel domine, l'homme regarde en haut, ce qui est représenté par avoir la tête dans le ciel, quand l'homme naturel domine, l'homme regarde en bas, ce qui est représenté par avoir la tête dans les enfers, qui sont l'amour de soi et du monde. L'homme quand il est régénéré, doit être entièrement retourné, car toutes les choses de lui et du monde doivent être retournées, afin qu'elles deviennent moyen et non fin en soi.

(AC 8995)

    Chez l'homme non-régénéré l'ordre de la vie est chez lui renversé, ce qui doit dominer sert, et ce qui doit servir domine. Cet ordre chez l'homme doit être complètement retourné et cela ne se fait qu'au moyen de la régénération.

(AC 8553)

    Il faut qu'on sache que chez ceux qui sont régénérés il se fait un renversement, à savoir, en ce qu'ils sont conduits par le vrai au bien, et qu'ensuite ils sont conduits du bien au vrai. Quand ce renversement se fait, ou quand cet état devient l'inverse du précédent, le bien est insinué d'abord, et avec le bien une nouvelle volonté, et avec elle un nouveau libre.

 (AC 5773)

    La régénération s'avance de l'homme externe vers l'homme interne, ou comme de la terre vers le ciel, et ensuite de l'interne vers l'externe, comme du ciel vers la terre, il y a ainsi un double mouvement d'ascension et de descente qui a été signifié par l'échelle de Jacob.

(AC 3868 ; 3882)

    Les choses vues par les yeux et entendues par les oreilles sont aperçues en dedans chez l'homme, et pour ainsi dire passent du monde par les yeux et par les oreilles dans la pensée et l'entendement, et si ce sont des choses que l'on aime, elles passent de là dans la volonté. Ensuite de la volonté par le chemin intellectuel, dans le langage et dans les actes. Tel est le cercle des choses allant du monde par l'homme naturel dans l'homme spirituel, et de celui-ci de nouveau dans le monde. Ce cercle est le cercle de la vie de l'homme, et quand il est régénéré, il est régénéré selon ce cercle.

    De là il est évident qu'il y a deux états pour l'homme qui est régénéré. Le premier, quand les vérités de la sagesse sont implantées, procède du monde par l'homme naturel dans le spirituel, ainsi dans le ciel. Le second, quand c'est d'après le bien de l'amour qu'il parle et agit selon les vérités de la sagesse, procède par l'homme spirituel dans l'homme naturel et le monde. Toutefois il faut que l'on sache que ce cercle est initié par la volonté (l'intentionnel) qui est le degré le plus intime de la vie de l'homme, et que de là il commence, et que de là il accomplit son cours. Comme ce cercle est le cercle de la vie de l'homme, voilà pourquoi lorsque l'homme est régénéré, il est régénéré selon ce cercle. L'homme ne commence à être dans le second état que lorsqu'il est tout entier, de la tête aux pieds tel qu'est son amour, telle qu'est sa volonté et tel qu'est son entendement.

  (AC 10057 ; 10076)

    La progression de la régénération va de l'externe vers l'interne, de la vérité de la sagesse vers le bien de l'amour. La vérité qui appartient à la sagesse est externe, le bien qui appartient à l'amour est interne. Pour devenir vivante, la vérité qui appartient à la sagesse doit venir dans notre volonté. La vérité ne devient pas vivante par le fait de savoir, mais par celui de vouloir. A travers cette nouvelle volonté que le Divin a créée en nous, la vie influe de lui. La première vie est obéissance, elle est la première forme de volonté, la seconde s'exprime dans l'amour d'agir selon le vrai, ce qui est une volonté supérieure, qui existe quand béatitudes et plaisirs (reliquiæ) sont ressentis lorsque l'on fait le vrai.

(AC 3870)

    L'homme avant qu'il soit régénéré, ne sait même pas qu'il existe un homme interne, ni à plus forte raison ce que c'est que l'homme interne. Il pense qu'il n'y a point de distinction à faire, parce qu'étant plongé dans les choses corporelles et mondaines, il y plonge aussi ce qui appartient à l'homme interne, et fait de choses distinctes entre elles une confusion obscure. En conséquence la seconde chose que l'homme remarque tandis qu'il est régénéré, c'est qu'il commence à savoir qu'il y a un homme interne.

 (AC 24)

    Ceux qui vivent mal ferment par le haut leur homme interne et regardent seulement les choses qui sont en bas, dans l'homme externe, et par cet homme dans ce qui est dans le monde, et dans ce qui est autour de son corps sur terre. Chez eux l'homme interne ne peut pas être ouvert du côté du ciel, à moins que ne soient dissipés les négatifs et les faux qui ont fermé cette partie supérieure. Cela ne peut se faire sinon que par un renversement total de la vie, ainsi qu'au cours de nombreuses années, car les faux se disposent par séries et forment entre eux un enchaînement qui forme le mental naturel lui-même. Chez ceux qui vivent bien, leur interne est ouvert par le haut, c'est-à-dire ouvert vers le ciel et vers le Divin. Alors ensemble tous les terrestres et tous les mondains sont élevés, afin qu'ensemble ils regardent en haut. Ils sont alors en état de se remplir d'intelligence et de sagesse, et ainsi d'être gratifiés de la félicité éternelle.

(AC 9256)

 
 

    Comme nous venons de le voir, le processus de régénération produit un renversement total de vision, de valeur, et de priorité. Notre volonté ou notre intentionnel, est d'abord influencé par notre entendement ou notre faculté de comprendre et de discerner les choses. Une fois élevée et transformée, un basculement s'opère, c'est notre volonté qui influence à son tour notre faculté de jugement et de discernement, et les deux descendent ensuite conjointement dans les actes et les paroles.

    Un double mouvement a donc lieu, d'abord de l'homme externe, qui appréhende les vérités supérieures pour les intégrer au niveau de ce que Swedenborg nomme : "l'interne de l'homme naturel", qui est son volontaire. Une fois incorporées, un deuxième
mouvement inverse se produit, partant alors du degré le plus intime de lui-même, pour redescendre dans les externes, et s'exprimer en paroles et en actes.

    Cela peut, de prime abord, paraître un peu compliqué, mais une petite citation de la page précédente nous en donne une clé fort simple à saisir : "La première chose de la régénération est la réception des vérités par l'entendement, la seconde est de vouloir agir selon les vérités, et enfin de faire les vérités."

    Résumons tout cela à travers un tableau, afin de nous en faire une vision plus claire. Nous allons voir ainsi notre précédent tableau (voir : La montée ), commencer à s'étoffer davantage. Projeté dans le temps, le processus de régénération prend plutôt la forme d'un cercle ou d'une boucle, plutôt que celle d'un simple axe bipolaire comme décrit précédemment.

Le cercle de la régénération de l'homme

 
 
 
 

    Le mouvement part d'en bas, il faut lire ensuite les termes des deux colonnes latérales en vis-à-vis, en reliant chaque définition de la colonne de gauche à celle de droite. Lire ensuite les termes de la colonne centrale, en reliant chaque définition du bas à celle du haut, et pour finir les définitions placées au centre de cette roue, qui sont le levier central de ce grand cycle spirituel.

    L'image est on ne peut plus limpide. Nous allons voir à présent que cette "roue de la transformation" implique une voie particulière. Il s'agit dans un premier temps de nous orienter vers le "logos", la lumière intérieure et Divine, ou du moins vers une lumière plus spirituelle, et dans un second temps de la faire descendre en nous, pour lui permettre de prendre forme et de s'incarner dans la matière de ce monde. Il importe donc que ce qui est au-dedans puisse prendre corps au-dehors, afin que ce qui est en bas puisse devenir l'expression de ce qui est en haut.

    Le "petit moi" n'est plus alors l'obstacle qui bloque le chemin, mais le véhicule et le moyen dernier de l'homme intérieur, du "Soi", par opposition au "moi" dans la terminologie jungienne. Si le moi terrestre cherche à réussir dans ce monde, le Soi, lui, cherche à s'accomplir en tant que conscience, non dans le monde, mais par le monde. Ce sont deux destins de nature fondamentalement différente, qui ne sont pas nécessairement contradictoires, surtout dans la deuxième phase de la régénération, lorsqu'il s'agit de faire descendre les spirituels dans les naturels.

    Néanmoins, et surtout pendant la première partie du processus de régénération, nous avons à faire à deux logiques, deux dynamiques existentielles qui sont en profond désaccord et qui s'opposent nécessairement. Seule l'épreuve des combats spirituels et de ses douloureuses métamorphoses, pourra, bien plus tard, les réconcilier toutes deux. D'ici là, il y a, comme nous allons le voir, un long chemin à parcourir.

 

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