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Tout le monde s'accordera sur le fait qu'il y a des paradis mais aussi des enfers sur la Terre. Tout le monde sera aussi d'accord sur le fait qu'il y a parmi les hommes des anges et aussi des démons, et tout le monde admettra qu'il y a aussi des anges et des démons en chaque homme. Il n'y a pas besoin de religion, ni de morale pour constater ce fait, parce qu'il est évident. La question est de savoir maintenant ce qui va advenir de cet aspect de notre réalité humaine dans l'autre monde ? Ce que la Bible et Swedenborg entendent symboliquement par "Ciel", et "Enfer", correspond aux mondes supérieurs ou angéliques, et aux mondes inférieurs ou infernaux. Plutôt utilisés au pluriel dans la Bible les "Cieux" symbolisent les plans de conscience et de vie supra-conscients, les "Enfers" les plans de conscience et de vie infrahumains. Nous ne serons donc pas surpris de voir ces deux composantes de notre humanité, fondamentalement antagonistes, se différencier et se séparer progressivement l'une de l'autre. Mais commençons par poser le cadre général de ce que les mots "Ciel" et "anges" signifient :
L'amour pour le Divin et la compassion à l'égard de tous les êtres fondent la vie et l'existence des mondes supérieurs. Le véritable bonheur réside dans la réception du Divin amour et de la Divine sagesse, rien d'autre. Et c'est la seule raison d'être du genre humain, qui est lui-même la seule raison d'être de cette Création universelle. Voilà pour commencer une image très générale qui pose au passage les grands principes fondamentaux à l'intérieur desquels vont venir s'inscrire des descriptions plus précises.
Voici pour ce qui est de notre environnement immédiat, mais qu'en est-il à présent de notre condition existentielle, "physique" et psychique ?
Il y a donc un accroissement continu, vers un degré d'intégration toujours meilleur, vers une transformation toujours plus grande. Transformation qui se transpose dans les cinq domaines fondamentaux de relation que sont : la relation à soi (en particulier au moi intérieur), à l'autre (le couple), aux autres ou à la communauté humaine, à la grande Nature, et enfin au Sacré. Ces transformations vont peu à peu insuffler en nous l'énergie de vie printanière que nous avions perdue avec notre jeunesse, mais avec l'acquis cette fois du chemin parcouru, ce qui fait une très grande différence. Il résulte de cette véritable régénération de nos êtres, un rajeunissement de notre apparence "physique", celle de nos corps spirituels, puisque l'extérieur et l'intérieur sont maintenant reliés au point de ne faire plus qu'un.
Augmenté, complété, enrichi, perfectionné à l'infini. De quel destin plus enviable pourrions-nous rêver ? Cette divine mesure reste en même temps conditionnée par la largeur, la profondeur et la hauteur de notre ouverture, par la qualité particulière et unique de notre réceptivité, qui fait notre âme. Mais qu'en est-il à présent de notre vie au quotidien, et de notre vie sociale ?
Unité dans la diversité infinie des êtres, des formes, des usages et des plaisirs de vivre qui leur correspondent. Par "usus", traduit du latin par "usages", Swedenborg entend ici : fonctions, activités, métiers, savoir-faire, actions, œuvres, etc. Les anges ne passent donc pas leur temps à se pâmer dans les nuages, les vrais plaisirs sont dans les choses que nous réalisons. Ces choses, avec leurs plaisirs associés, s'accordent les unes avec les autres pour former un tout unifié. Suprême bonheur que celui de faire un avec tous les autres, tout en restant soi, comme la note d'un seul et unique instrument dans le chorus d'un vaste orchestre qui jouerait une symphonie Divine. On ne vit pas et on n'agit pas que pour soi, mais pour le bien de tous, comme chaque organe dans un corps, et c'est cela qui fait le "Ciel". Comme le souligne régulièrement Swedenborg, le Ciel et la condition angélique ne sont fondamentale-ment pas différents de notre monde, ni de ce que nous sommes actuellement, sauf évidemment que tout y est en même temps complètement autre. Les mondes supérieurs correspondent avant tout à des plans de conscience et de vie "supraconscients". Le chemin est donc celui d'une montée dans la conscience, ainsi que vers la lumière, la clarté et l'unité qu'elle engendre.
"Vivre dans l'instant", c'est se libérer du poids du passé et de l'inquiétude du futur. Mais il y a plus, la conscience du temps y est différente, le passé, le présent et l'avenir se rejoignent pour ne plus faire qu'un, L'écoulement du temps n'est plus le même que celui que nous connaissons actuellement, ce qui ne veut pas dire non plus qu'il n'y ait plus de temps. Le temps s'y écoule encore bien sûr, mais ce n'est plus le temps du sablier condamné à finir avec le dernier grain de sable. Non c'est celui d'une source de vie éternelle, où le seul fait "d'être", représente une béatitude et une extase en soi. L'instant éternel s'écoule du plus intime de l'âme comme un nectar sans pareil, nous devenons "être dans l'Être", "lumière dans la Lumière", sans qu'il puisse s'agir d'une fusion définitive avec le Divin, car nous restons créature, mais dans la lumière du Créateur. C'est une libération immense en même temps qu'une véritable illumination, qui descend à la fois d'en haut et qui remonte du dedans, pour tout remplir de magnificence et de mystère.
Le détachement par rapport aux possessions, aux désirs et aux attachements, reste la voie de cette sagesse, et nous n'y progressons que dans la mesure de notre travail de nettoyage, de clarification et d'élévation intérieurs. Il nous faut chasser les démons intérieurs, repousser les mauvaises influences, balayer toutes les énergies négatives, travailler sur toutes les ombres et imperfections.
Chaque chose dans l'univers est unique, du plus petit grain de matière jusqu'aux super amas galactiques, l'unité se crée, dans et par la diversité infinie des êtres et des mondes.
L'immensité quasi infinie des mondes, mais aussi des plans de conscience supérieurs et des sphères de vie angéliques qui leur correspondent, dépasse tout entendement. Il y a pourtant un ordre cosmique, un tout qui a une "forme". Forme, au sens de structure, d'architecture, constituée par un ensemble de forces, d'esprits, de qualités spirituels précisément diversifiés.
C'est une vision que l'on trouve déjà dans la Kabbale médiévale avec "l'Adam Kadmon" et "l'Arbre des Sephirot", et sous des formes diverses dans beaucoup d'autres traditions. Le schéma corporel est comme une image concentrée du grand univers, un "microcosme" expression du macrocosme. Grand cosmos, lui-même image du Créateur. Il ne faudra évidemment pas entendre ici que le corps dans sa réalité physique, soit le schéma Divin et universel par excellence. Il s'agit du corps dans sa dimension "archétypale", du "corps-idée" au sens platonicien du terme, c'est-à-dire d'un complexe, d'une hiérarchie de forces et de fonctions particulières. Soulignons qu'il ne s'agit pas tant d'une vision anthropomorphique que fractale de l'univers, où l'on retrouve constamment, à tous les étages de cette réalité, du plus grand au plus petit, une même architecture fonctionnelle fondamentale. Nous n'aurons fait que rapidement parcourir quelques aspects de ce que Swedenborg enseigne sur les mondes angéliques et la condition des anges qui, rappelons-le, ne sont rien d'autres que des "hommes-esprits" évolués, spiritualisés. Après être montés dans les Cieux avec les anges, descendons à présent dans les enfers avec les "hommes-esprits" qui les habitent, surnommés dans la Bible, "esprits impurs", "mauvais esprits", ou "démons". Suite : les mondes inférieurs
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