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La trilogie bi-hémisphérique

Lettre du mois d'octobre 2019 :

« Savez-vous que nous avons deux cerveaux ? »

Chers amis (es),

     J'ai eu le grand bonheur de rencontrer en septembre 2018 un chercheur de grand génie, qui après de très riches conversations m'a généreusement offert deux de ses ouvrages (1), fruits de nombreuses années de recherche et de réflexion approfondies sur, entre autres, l'existence d'une équation universelle, et sur l'émergence et le développement du langage dans l'histoire de l'humanité, de la préhistoire à nos jours. J'ai donc lu avec grand intérêt ses livres. Un des éléments d'étude qui a tout de suite retenu mon attention figure dans les premiers chapitres de son étude sur la création du langage. Il s'agit d'une remarquable synthèse sur l'activité bi-hémisphérique de nos cerveaux, à l'évidence, maître d'œuvre de l'évolution, non seulement, du langage, mais avec lui, des cultures et des sociétés. Je vais donc tenter d'en faire un rapide résumé, qui ne saurait en aucun cas remplacer la lecture de son livre. Aperçu, nécessairement partiel, que j'aimerais accompagner de quelques commentaires personnels.

   Le premier élément d'enquête, qui résulte de la recherche scientifique de ces dernières décennies dans le domaine de la neurophysiologie est, pour simplifier à l'extrême que : NOUS AVONS DEUX CERVEAUX, différents et relativement indépendants, qui fonctionnent, plus ou moins et très diversement, en association l'un avec l'autre. Cette donnée anatomique et fonctionnelle structure une grande partie de notre activité cérébrale et mentale, et conditionne dans une large mesure nos personnes, notre relation aux autres et au monde. C'est dire qu'il s'agit d'un élément de savoir fondamental, capable d'enrichir de façon considérable notre connaissance de nous-mêmes et notre compréhension du phénomène humain et sociétal.

    Pour commencer, observons, en considérant l'anatomie de notre cerveau, que celui-ci est divisé, un peu à la façon d'un cerneau de noix, en deux hémisphères cérébraux, séparés sur la ligne médiane par une dépression profonde nommée scissure inter hémisphérique, et réunis par des faisceaux de fibres nerveuses, dont les plus importantes sont le corps calleux.

    Tentons à présent d'identifier le type d'activité cérébrale et donc mentale dont ces deux hémisphères sont le siège.

Les deux hémisphères

   L'hémisphère gauche du cerveau est celui du langage et de la pensée analytique. Lieu privilégié de la logique et de l'abstraction, il prend la main quand il s'agit de nommer et de catégoriser. Il inspire la pensée linéaire - séquentielle, ordonnée, chronologique, causale - et s'exprime par la parole, la lecture, l'écriture et l'arithmétique. L'hémisphère gauche aime la compétition et son intérêt, sa première motivation est le « pouvoir ». S'il venait à prévaloir sur l'hémisphère droit, il serait relativement mécanique, abstrait, désincarné, privé de toute sympathie, utilitariste, super-confiant dans sa prise sur la réalité et ne sachant pas voir ses problèmes.

    L'hémisphère droit, quant à lui, est holistique. Il produit une pensée intuitive, non linéaire et non séquentielle, associant de façon inattendue et rapide des éléments d'origine et de nature très différentes, sans se soucier de classifications. Il perçoit de manière globale, synthétique et non verbale. La métaphore, le symbole, la compréhension intuitive, l'imagination sont des fonctions du cerveau droit. C'est aussi l'hémisphère qui, tourné vers autrui, partage la peine de l'autre par empathie. Il fait sienne la pensée de l'autre par sa capacité à se mettre dans la position de l'autre et de voir ce qui se passe dans l'esprit de cette personne.

L'équilibre hémisphérique

    Néanmoins, il faut se garder d'un excès de catégorisation qui différencierait à l'extrême ces deux hémisphères. Chez un individu sain, les deux hémisphères échangent constamment des informations par l'intermédiaire du corps calleux et s'équilibrent par la pensée et le comportement. La bonne coopération des deux hémisphères est nécessaire à l'équilibre individuel, bien sûr, mais aussi, collectivement, à celui du groupe.

    Toute tâche s'effectue dans le dialogue. Par exemple, lors de l'apprentissage du langage dans la petite enfance, la compréhension lexicale précoce fait intervenir les deux hémisphères cérébraux qui mettent ainsi en parallèle un sens précis du mot et un sens plus métaphorique. Lors d'échanges verbaux, les deux hémisphères travaillent en relation : l'hémisphère gauche analyse les mots, alors que l'hémisphère droit se projette dans le futur de la phrase, en même temps qu'il construit le contexte.

La prévalence hémisphérique

    Un hémisphère est prévalant chez chacun de nous. Nous pouvons même présenter, dans notre personnalité, un biais caractéristique et consistant vers l'un ou l'autre hémisphère. C'est la dominance ou spécialisation hémisphérique ; on parle aussi de latéralisation. Elle est répandue à différents degrés dans la société et chez les individus. On peut ainsi observer, les HGD (hémisphères gauches dominants) et les HDD (hémisphères droits dominants).

   Prenons un exemple pour bien comprendre comment les deux hémisphères cérébraux travaillent, séparément d'abord ; nous verrons ensuite comment ils travaillent ensemble. Avant de s'endormir, les enfants aiment écouter une histoire. Selon que leur cerveau droit ou gauche est plus ou moins actif - la spécialisation hémisphérique -, ils réagissent différemment à un récit comme celui du Petit Chaperon rouge. Certains de ces enfants HGD, appelons-les rationnels, affirmeront d'emblée : Mais le loup ne peut pas parler à la petite fille, il ne peut pas s'habiller en Mère-Grand ni se cacher dans son lit. D'autres, les imaginatifs HDD, montreront surtout de l'émotion, des craintes pour le Petit Chaperon rouge ; ils inventeront toutes sortes de scénarios plutôt optimistes pour rétablir la situation.

   Cet exemple donne une bonne illustration de la différence de fonction entre les deux hémisphères : le cerveau gauche analyse et vérifie la cohérence des évènements ; alors que l'hémisphère droit imagine, et se projette dans ce qui va arriver. C'est lui qui rend l'histoire passionnante. On peut penser que si l'on n'avait que l'hémisphère gauche la vie serait bien triste, même les plus grandes prouesses techniques qu'il serait capable de réaliser ne nous feraient pas rêver.

    Chaque hémisphère construit son propre monde à la lumière de ses particularités, chacun ayant sa propre façon de le comprendre, sa propre « prise » sur lui, et le monde que nous abordons est déterminé par la version hémisphérique finalement dominante. Le monde de notre voisin n'est pas forcément le nôtre, les évènements peuvent y être perçus très différemment. Deux personnes ayant la même préférence hémisphérique pourront mieux s'entendre, alors que si leurs prévalences hémisphériques sont trop différentes elles risquent de ne pas se comprendre. Néanmoins, la diversité est utile et enrichissante à condition d'accepter ces différences et d'en faire des complémentarités.

     L'éducation qui peut être plus rationnelle ou plus spirituelle selon les pays et les époques a tendance à orienter cette prévalence qui, d'individuelle devient la marque collective d'une société. En Occident, l'enseignement fait principalement appel à l'hémisphère gauche, qui se développe plus particulièrement avec l'étude des mathématiques et des sciences (et un modèle basé sur la compétitivité). Trop négligés encore sont les cours de dessin, de danse, de musique, de poésie (ainsi qu'un modèle de coopération fondé sur l'entraide) (2) qui pourraient développer l'hémisphère droit et lui permettre d'équilibrer son double opposé.

   L'enseignement tel qu'il est pratiqué en France s'adresse presque exclusivement à l'hémisphère gauche. Il produit de bons ingénieurs, de bons juristes, de bons professionnels dans tous les domaines. Néanmoins, on se rend compte de plus en plus qu'il ne faut pas négliger la deuxième voie de communication entre les hommes, celle des hémisphères droits, qui se fait par la gestuelle, la symbolique et les émotions. Ce canal du non-dit véhicule certainement autant d'information entre les hommes que celui du dit. On se rappelle le dicton populaire : un petit dessin vaut mieux qu'une longue explication.

Le dialogue bi-hémisphérique

    Nos deux hémisphères cérébraux sont différents, mais pas indépendants. Ils ont leur propre façon de voir le monde, chacune complémentaire de l'autre, et échangent leurs impressions.

    Ces deux cerveaux échangent entre eux par l'intermédiaire du corps calleux et leurs activités sont régulées par le cortex frontal ; mais pas toujours et pour tout. Les maîtres mots sont inhibition et/ou modulation.

    Chacun garde quelque chose de ses secrets. L’hémisphère droit n'a pas besoin de savoir ce que l'hémisphère gauche sait, car cela détruirait sa capacité à comprendre le tout ; en même temps, l'hémisphère gauche ne peut savoir ce que l'hémisphère droit connaît.

    L'hémisphère gauche s'intéresse au passé et à ce qui est matériel et individuel ; il analyse. L'hémisphère droit est tourné vers le futur, le vivant, les relations sociales ; il synthétise. Il construit le monde par le haut, le veut spirituel et imprégné de sacré. L'hémisphère gauche observe rationnellement la nature, démystifie les constructions de son partenaire et banalise le sacré par la verbalisation. L'hémisphère droit cherche alors à élever le débat pour échapper aux critiques et rétablir sa suprématie. S'engage alors un dialogue dynamique qui, par des révolutions cognitives successives, va préparer leur communauté, le cerveau, à s'adapter à des situations de plus en plus complexes. En se renouvelant, ce dialogue entretient une spirale cognitive ascendante qui fait progresser l'humanité.

    L'hémisphère droit plus sensible aux symboles recherche, au-delà des perceptions, un sens plus large, symbolique ou poétique. L'hémisphère gauche ne se contente pas des sensations, mais il veut des faits précis et mesurés ; il les catégorise, les rationalise, bref les désenchante ; il ne croit que ce qui lui est démontré. Le gauche se charge de l'action, le droit d'orienter cette dernière dans le sens de valeurs supérieures.

   Les deux hémisphères portent un regard différent sur le monde ; l'hémisphère gauche décompose, voit des objets distincts et ne recherche pas les liens entre eux ; alors que l'hémisphère droit est sensible à ce qui souligne le continu et cherche à établir des relations. L'hémisphère gauche voit le contour des choses et, pour en connaître l'intérieur, procède par dissections et analyses ; l'hémisphère droit est capable de voir ce qui ne se voit pas en construisant une image mentale qui représente ce que l'on s'imagine au-delà de ce que voient les yeux.

   Enfin, on sait qu'en raison de ce que l'on appelle la décussation, l'hémisphère gauche contrôle plutôt la partie droite du corps, et l'hémisphère droit, la partie gauche.

    (« La création du langage par le dialogue bi-hémisphérique », Denys Lépinard, Les Éditions du Panthéon, 2018. Pages 17, 23-31, 40.)

    J'espère que vous ne me tiendrez pas trop rigueur pour ce résumé succinct de ce que Denys met si joliment en lumière et d'une façon bien plus complète dans les 48 premières pages de son étude et dans le reste de son livre. Je pense qu'il nous aura au moins permis de réaliser l'extraordinaire intérêt de cette connaissance relativement neuve, et en cela révolutionnaire, d'un des fonctionnements de base de notre conscience mentale ou psychique. De ce point de vue, dire que nous sommes deux, ou qu'il existe en nous une double personnalité, serait peut-être un peu excessif. Il nous faudra toutefois bien réaliser que nous fonctionnons constamment et à tous les niveaux sur la base d'un indéniable binôme cérébral et mental.

    J'ai, à ce sujet, récemment vécu une expérience assez éclairante. J'avais remarqué, étant seul, qu'il m’arrivait parfois de parler tout haut. M'étant interrogé sur la nature de ce dialogue intérieur, que tout le monde vît plus ou moins consciemment, je me suis donc mis à le mettre en scène d'une façon beaucoup plus ouverte et consciente, en choisissant comme objet de débat quelque sujet portant à réflexion. Quelle ne fut pas ma surprise, après quelques heures d'exercice, de réaliser que ce débat intérieur mettait en scène deux parties de moi-même très nettement différenciées dans leur façon d'être, de raisonner et de communiquer entre elles ! D'un côté, il y a la voix qui parle en premier (que je suppose être celle du moi conscient) d'une façon relativement affirmative et sûre d'elle. De l'autre, il y a celle qui écoute (que je suppose être celle d'une composante plus inconsciente), et qui interroge ensuite la donnée produite par la première entité, en la sondant en profondeur sur un mode beaucoup plus intuitif avant de lui répondre. Dans un premier temps, en adressant un certain nombre de questions assez fines, qui ont souvent pour but de mettre en question et de déstabiliser le point de vue affirmatif de la première voix. Dans un second temps, en engageant une argumentation qui s'enracine dans une analyse beaucoup plus approfondie, subtile et nuancée du sujet, en faisant parfois remonter un niveau d'information « venu d'ailleurs ». La première voix tente ensuite de contredire par toutes sortes d'arguments rationnels les nouveaux éléments d'informations apportés par la seconde voix, afin de s'assurer qu'ils sont suffisamment solides et objectifs et donc acceptables. Après un dialogue plus ou moins long, et plus ou moins animé, les deux entités finissent par se mettre d'accord sur le fait que - soit le sujet du débat n'est pas encore clos et qu'il faudra le reprendre plus tard, en attendant d'éventuelles informations et examens supplémentaires - ou soit que le sujet est clairement circonscrit et les questions relativement résolues ; et qu'il est possible dans ces circonstances de décider d'une feuille de route future, sur les modalités de laquelle les deux entités vont s'accorder précisément. La prise de conscience de la nature étonnante et extraordinairement riche de ce dialogue intérieur a tout à coup rappelé à ma mémoire la brillante synthèse de Denys au sujet des deux fonctions hémisphériques de notre cerveau, lue une année auparavant. Je me suis donc mis en quête de la relire avec une attention redoublée, et de vous en proposer un condensé qui soulève un grand nombre de questions et d'observations que je développerais dans la prochaine lettre.

    En attendant, et au risque de vous prendre pour un fou ou une folle, isolez-vous, parlez tout haut avec vous-même au sujet d'une question ou d'une situation qui vous taraude, et observez bien le dialogue intérieur qui en résulte, vous pourriez avoir des surprises !

Patrick Duvivier

Notes :

1. Trois livres :
- « Une sinusoïde dans l'univers », Denys Lépinard, 32 rue Henri Dobert, 14510 Houlgate, 1982.
- « La création du langage par le dialogue bi-hémisphérique », Denys Lépinard, Les Éditions du Panthéon, 2018. https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/la-creation-du-langage-par-le-dialogue-bihemispherique/
- À paraître bientôt : « Nouvelle Mécanique Ondulatoire (NMO) », Denys Lépinard, Les Éditions du Panthéon.
https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/nouvelle-mecanique-ondulatoire-nmo/

2. Ces deux ajouts entre parenthèses sont de mon initiative.

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Lettre du mois novembre 2019 :

« Plutôt que de nous diluer dans l'horizontalité,
creusons dans la profondeur, afin de gagner de la racine !
»

Chers amis (es),

    J'aimerais revenir sur quelques points majeurs qui découlent de la petite synthèse développée dans notre lettre mensuelle précédente, sur la base de cette passionnante étude publiée par un très savant ami et chercheur éclairé. (1)

    Le point qui nous préoccupe ici est celui de la question du dialogue bi-hémisphérique et surtout de la prévalence hémisphérique envisagée dans trois domaines différents : celui de notre activité cérébrale au quotidien, à l'échelle d'une vie humaine, et enfin des cultures et des sociétés.

Fonction bi-hémisphérique du cerveau

    Tout d'abord, rappelons très schématiquement de quoi il agit. Nous avons deux cerveaux, différents et relativement indépendants l'un de l'autre : un hémisphère droit, cerveau de la pensée symbolique et unitive ; et un hémisphère gauche, cerveau de la pensée rationnelle et analytique. Nous avons vu avec Denys que toute notre activité mentale se structurait en fonction de ces deux hémisphères et que sa dynamique interne reposait principalement sur la qualité du dialogue bi-hémisphérique. Dialogue qui oscille continuellement, au gré des circonstances quotidiennes et existentielles, et à des degrés très divers, entre inhibition et modulation.

    Par modulation, il faut entendre la dynamique du dialogue bi-hémisphérique, qui alterne entre équilibre et prévalence hémisphérique. Prévalence qui peut, à l'extrêmes, verser dans une quasi complète inhibition d'une des deux fonctions hémisphériques au profit d'une seule, avec dans certains cas, des conséquences potentiellement dramatiques. C'est ce que nous allons voir à présent.

    Prenons un exemple simple, et tout à fait d'actualité, afin d'illustrer tout d'abord cette double fonction hémisphérique.

    « Un homme avisé bâtit sa maison sur le rocher. Il a creusé, il est allé profond et a posé ses fondations sur le roc. La pluie est tombée, une crue est survenue, les torrents se sont précipités contre cette maison, mais ils ne l’ont pas ébranlée et elle ne s’est pas écroulée, car ses fondations étaient posées sur le rocher. Mais un homme insensé bâtit sa maison sans fondations, sur le sable. La pluie est tombée, les torrents se sont jetés contre cette maison, elle s’est aussitôt effondrée et sa ruine fut totale. » (2)

    À la lecture de cette parabole, l'hémisphère gauche analyse tout d'abord la logique de cette image et en comprend quasiment simultanément son argumentation structurale : maison-fondation-rocher-crue-résistance ; et son contraire : maison-fondation-sable-crue-effondre-ment. Cette saisie repose sur une appréhension simple, logique et quantitative des forces en jeu.

    Dans un deuxième temps, l'hémisphère droit replace ce scénario architectural dans son contexte, faisant immédiatement le lien avec la question de l'homme avisé et de l'homme insensé pour comprendre pratiquement en même temps que cette image a une valeur avant tout symbolique.

    Il va de soi que l'hémisphère gauche est incapable de traiter l'association abracadabrante : construction-homme avisé ou insensé, sinon qu'en l'analysant à postériori sous l'angle d'un possible lien de cause à effet. Tandis que l'hémisphère droit saisit tout de suite la valeur parabolique de ce scénario, pour engager aussitôt toute une série d'associations du type : à quelle situation existentielle cette image pourrait-elle faire référence, dans ma vie, chez d'autres personnes, dans le monde ? Il pourra même en transposer la leçon sur des plans infiniment divers : alimentaire, psychologique, spirituel, politique, écologique, etc. Séries d'associations et de transpositions dont l'hémisphère gauche est relativement incapable.

Prévalences bi-hémisphériques au quotidien

   Comme le montre si bien Denys dans son étude, nos fonctions hémisphériques sont constamment et à des degrés très divers sollicitées, en fonction des activités qui rythment nos journées. Ainsi lorsque nous nous asseyons pour faire nos comptes, c'est notre hémisphère gauche qui entre principalement en action : rentrées, sorties, crédit, factures, balance, etc., c'est un parfait comptable. À moins que nous n'envisagions tout le jeu de nos gains et de nos dépenses sous l'angle qualitatif de nos activités, celui par exemple de la valeur morale, sociale, psycho-spirituelle, qu'elles pourraient avoir. Par contre, lorsque nous partons faire une promenade pour contempler un lever ou un coucher de soleil, la beauté de la nature, en nous laissant rêvasser, c'est notre hémisphère droit qui prédomine. À moins que nous nous jetions dans un jogging, équipé d'un podomètre et d'un chronomètre, d'un bracelet connecté enregistrant la tension artérielle et le rythme cardiaque, pour évaluer de façon quantitative notre niveau de capacité physique et de performance. Comme nous pouvons le voir, certaines activités sont, en raison de leur nature, plus spécifiquement HDD (hémisphère droit dominant) ou HGD (hémisphère gauche dominant). Notons encore qu'un même type d'activité peut être plus HDD ou HGD, selon notre façon de l'aborder et de la traiter. Par contre, si nous sommes presque constamment obsédés par le domaine quantitatif, nous avons un grave problème ! Réciproquement, si nous passons tout notre temps à contempler, à rêvasser, à n'envisager la réalité que sous le seul angle de la qualité, nous aurons rapidement des problèmes avec la société qui nous entoure.

Prévalences bi-hémisphériques dans la vie humaine

    Il paraît évident qu'il y a, au cours d'une vie humaine, en fonction des quatre âges (enfance, jeunesse, âge adulte, et vieillesse), mais aussi des évènements et des circonstances qui émaillent nos existences terrestres, une modulation significative de l'activité bi-hémisphérique, avec des transitions progressives ou même parfois drastiques de prévalence HDD ou HGD. Je pense en particulier à l'enfance et surtout la petite enfance, dominées par un puissant imaginaire et une grande sensibilité émotionnelle, toutes deux caractéristiques d'une prévalence hémisphérique droite. À la jeunesse aussi et plus spécialement l’adolescence, avec son attrait pour le fantastique, le paranormal, les mystères de la science, les expériences de conscience modifiée. Après la retraite beaucoup de personnes, dégagées de leur activité professionnelle, se tournent bien souvent vers les voyages, des activités plus ludiques, éventuellement artistiques, et même des disciplines spiritualisantes (yoga, tai-chi, chi Kong, méditation, approches thérapeutiques tout azimut, stages et retraites spirituelles diverses, etc.) pratiques qui laissent une plus grande part au rêve et à la vie de l'âme. La deuxième partie de la jeunesse ainsi que l'âge adulte, avec toute la phase d'études, d'apprentissage de la vie professionnelle et sociale, incluant également la constitution du couple, l'éducation des enfants, le plein exercice d'une profession, requièrent bien souvent toutes les compétences de notre hémisphère gauche, afin de pouvoir « mener notre barque » au mieux dans la tempête de ce monde, quitte à « passer sous le boisseau » pour un long moment la part d'idéal, de rêve, de créativité et de vie intérieure dont nous avons légitimement besoin.

    Notons au passage qu'avec l'âge, l'homme sécrète de moins en moins de testostérone pour se mettre à produire des œstrogènes (surtout à partir de l'andropause), tandis que la femme produit moins d'œstrogènes pour se mettre à synthétiser de la testostérone (plus spécialement après la ménopause). Dans ce contexte, pourrait-on supposer un possible lien, plus ou moins indirect, entre l'alternance de ces deux fonctions hormonales et la modulation ou même la prévalence bi-hémisphérique ? C'est un sujet de recherche qui vaudrait certainement d'être exploré.

   Toujours est-il qu'après plus de 35 années d'accompagnement psychothérapeutique et d'animation de stages de spiritualité, je peux affirmer sans conteste que le féminin a tendance à être beaucoup plus « hémisphère droit » que le masculin, qui lui a tendance au contraire à être beaucoup plus dans l'affirmation du moi (les « moi-je » et « moi je sais », terriblement stérilisants), la recherche de pouvoir et le rapport stupide de rivalité à tout va. Je crois aussi que l'intuition féminine, une plus grande sensibilité émotionnelle, une faculté d'empathie bien meilleure, ainsi qu'une plus grande profondeur spirituelle, propre au « féminin » ne sont plus à démontrer. Vous remarquerez que j'ai bien pris soin de dire « féminin » et « masculin » plutôt que « homme » ou « femme », compte tenu du fait que ces deux polarités sont à des degrés très divers présentes dans chaque individu, qu'il soit homme ou femme. De ce fait, comme le souligne si bien le célèbre psychologue des profondeurs, C. G. Jung, il importe pour l'homme d'éveiller la femme qui est en lui, afin de gagner en sensibilité et en profondeur, et pour la femme de réveiller l'homme qui est en elle, ne serait-ce que pour se « blinder » un minimum, et afin de gagner en indépendance d'esprit.

    S'il y a, au cours de toute vie humaine, des phénomènes de modulations hémisphériques évidents, il arrive parfois aussi que certains évènements, épreuves, circonstances dramatiques, crises existentielles diverses, fassent basculer un individu, en un laps de temps plus ou moins variable d'une prévalence hémisphérique nette à une autre. Je crois que nous avons tous autour de nous quelques exemples de tels changements radicaux de façon d'être, de penser, et d'orientation existentielle.

   Je ne citerai ici qu'un exemple historique, du fait que je le connais bien et qu'il a été parfaitement documenté par de nombreux biographes. En effet, il m'est rapidement devenu évident, à la lecture de la synthèse de Denys, que la crise existentielle et spirituelle qui a fait basculer Swedenborg, en trois ou quatre ans - de ses activités d'ingénieur des mines et de métallurgiste, de conseiller d'État dans les domaines, entre autres, de l'économie et de la monnaie, et d'anatomiste de haut niveau - à celui de philosophe mystique et de « voyant », ne pouvait être qu'une parfaite illustration d'un passage radical d'une activité hémisphérique gauche dominante (HGD) à une activité hémisphérique droite dominante (HDD). Il est même possible d'identifier très précisément le point alpha de cet incroyable basculement de conscience.

   Swedenborg, alors pleinement investi dans ses recherches et publications anatomiques commence, dans un de ses journaux de voyage accoutumé, à noter ses rêves ! En août 1743, on trouve pour la première fois la mention suivante : « je fus in extasibus vigilibus presque tout le temps ». Traduit par : « je fus dans une extase éveillée, ou lucide, presque constamment ». Au printemps de l'année suivante, il note encore :

    « Il me semblait que je grimpais à une échelle pour sortir d'un grand abîme ».

    Puis :

    « J'eus pendant 12 heures un sommeil surnaturel. L'esprit parvint si haut, jusqu'à une vie céleste quasi extatique. Il me laissa y monter de plus en plus haut, en sorte que fussé-je monté plus haut, j'eusse été dissous dans cette véritable vie de félicité. »

    « Finalement, il me fut donné par la grâce de l'Esprit d'avoir la foi sans raisonnement, et d'être assuré en elle. Je voyais mes pensées comme en dessous de moi ce qui confirmait le fait et en mon cœur je riais d'elles. Je riais beaucoup plus encore de celles qui les ébranlaient et qui leur étaient contraires, car la foi semblait être loin au-dessus des pensées de ma raison. Ainsi, cette foi est séparée de notre entendement et se tient au-dessus de lui, car l'entendement ne va pas plus loin que jusqu'aux probabilités, et les justifications de notre entendement sont toujours soumises au doute qui obscurcit la lumière de la foi, mais la foi est uniquement un don Divin. C'est alors seulement que j'eus la paix. » (3)

    La foi sans raisonnement ! Non pas dans le sens d'avoir la foi en qui que ce soit, ou en quoi que ce soit, mais bien plutôt, comme le montre la suite du texte, d'accéder à la « Vision », une vision qui dépasse tout processus de conceptualisation mentale, toute rationalisation, fruit d'une expérience de saisie globale et supramentale du réel.

    Rien ne saurait mieux caractériser ici un niveau d'expérience puissamment hémisphérique droit dominant (HDD), typique de cet hémisphère encore surnommé « le cerveau mystique ». (4)

Prévalences bi-hémisphériques dans les cultures et les sociétés

    Personne ne pourra nier, je pense, la très puissante prévalence hémisphérique gauche (le cerveau de la pensée analytique et de la logique rationnelle) de notre civilisation occidentale, à présent rejointe par de nombreuses nations, comme l'Afrique, l'Inde, la Chine, etc. Nous pouvons à présent parler d'une véritable mondialisation d'une modalité d'être et de penser presque unilatéralement HGD. Au point qu'elle en vient à s'imposer comme une incontournable « façon unique de penser », agissant comme un véritable dictat sur les consciences. Le fait n'est pas nouveau, il a commencé à la fin de l'époque médiévale, période historique et culturelle au contraire très puissamment HDD, au cours de laquelle la spiritualité, la mystique et les arts ont atteint une véritable apothéose (5). L'émergence progressive de la pensée critique, l'avènement des sciences et avec elles de l'industrie et du capitalisme, ont, après la Renaissance et tout au long du siècle des Lumières, totalement « inversé la vapeur ». Ce nouveau mode de pensée et d'appréhension du réel, ainsi que la nouvelle vision du monde qu'ils sous-tendent, s'exportera très rapidement au reste du monde à travers la colonisation, le développement d'un marché mondial, et je dirais même plus, un processus de marchandisation du vivant. Retenons que cette latéralisation HGD institue le règne de la quantité au détriment de celui de la qualité, des valeurs de l'avoir, au détriment de celle de l'être.

   Il semble bien que le phénomène d'alternance pendulaire qui rythme les grands cycles climatiques et biologiques de la Terre, passant alternativement de périodes de glaciation à des phases de réchauffement planétaire soit, à une bien plus petite échelle de temps, transposable au cycle des civilisations. En effet, de cultures et de périodes historiques typiquement HDD, l'humanité passe régulièrement et de façon cyclique à sa phase opposée, HGD, et ainsi de suite. Là encore, la loi universelle qui fait qu'un extrême vient toujours en compenser un autre en est, si ce n'est le moteur principal, tout au moins le facteur déclencheur.

   Le très puissant formatage HGD de notre culture occidentale, instrumentalisée par le rouleau compresseur de son système éducationnel, de ses médias et de ses politiques ultra-libérales (avec ses marchés dits de « libre-échange », qui en guise de liberté imposent une véritable dictature des prix et donc des modes de production), a aujourd'hui atteint son paroxysme. Avec les effets secondaires et éminemment destructeurs que l'on connaît, puisque pour la première fois dans l'histoire, l'avenir de la planète et de l'humanité sont face à des menaces sans précédent.

    Il y a donc tout lieu de croire que la polarisation extrême HGD de notre civilisation est sur le point de basculer et de s'inverser, et il y a de nombreux signes qui le démontrent.

En conclusion

    Lorsque je suis revenu de mes études swedenborgiennes et holistiques aux États-Unis, pour proposer des stages de ressourcement spirituel intitulés « Nature et Sacré » - stages au cours desquels nous proposions des ateliers de relaxation, de massage et de magnétisme, de méditation, de tai-chi, ainsi que des huttes-médecines et des quêtes de visions dans l'esprit de la tradition amérindienne - nous nous sommes faits, ma compagne et moi-même, prendre pour des fous, ou des illuminés, au sens péjoratif du terme. Sans oublier non plus nos ateliers d'accompagnement à l'accouchement sans violence et à domicile, la création d'une école alternative, la mise en œuvre d'un jardin et d'un verger biologique, une certaine recherche d'autonomie, la construction d'habitats traditionnels et alternatifs (tipi, yourte, etc.), médecines douces, les stages plantes sauvages comestibles et médicinales de ma compagne, nos activités militantes écologistes, et j'en passe. Les rumeurs ont été bon train : secte suspecte (6), rites obscurs et dangereux, manipulation des esprits, pratiques tendancieuses, et tutti quanti. Les enquêtes de gendarmerie et un certain nombre d'articles délétères dans la presse régionale n'ont pas manqué de se succéder au fil du temps. Les critiques destructrices et les attaques pernicieuses en tous genres aussi.

    Il n'y a maintenant pas une ville, pas un quartier, pas le plus petit village, au fin fond du bout du monde, où l'on ne trouve pas toutes sortes de propositions d'activités de bien-être et surtout de plus-être, potentiellement spiritualisantes. C'est un signe des temps ! Il n'y a pas non plus un journal, une revue, un bulletin d'informations, un programme de chaînes télévisées, qui ne fassent pas régulièrement référence à de tels domaines de transformations culturelles et comportementales. Le signe que les consciences sont en train de basculer, parce qu’elles en ont un besoin vital, vers une autre et toute nouvelle modalité d'être, HDD !

    Ce changement de phase qui se collectivise à grande vitesse entraînera, dans un temps futur, tout le reste : l'éducation, l'alimentation, la médecine, les modes de production et de consommation, mais aussi la justice, les institutions, la politique, etc., en un mot le matérialisme forcené qui aura marqué comme jamais l'histoire des 19e et 20e siècles. La phase de résistance forcenée et de « retour en arrière » atterrants à laquelle nous assistons actuellement, en est également un indéniable symptôme, en négatif. Elle ne durera que le temps de démontrer sa totale inanité, de faire la preuve de ses cuisants échecs, et de démontrer son incapacité totale à relever les défis planétaires. Rien ne pourra longtemps résister à la vague surpuissante de plusieurs siècles de refoulement collectif et de latéralisation inhibitrice HGD !

    J'aimerais pour finir vous raconter une anecdote. Je m'étais inscrit, dans ma jeunesse, à un stage de chamanisme dans un centre holistique nommé « Interface », très en vogue à ce moment-là dans le milieu « branché ». Le stage était animé par un Docteur et professeur en anthropologie à New York (7), qui, au cours de périodes d'études répétées au sein de diverses tribus amérindiennes avait fini par se convertir complètement à leurs pratiques chamanistes. « Savez-vous comment nous surnomment les Amérindiens que j'ai rencontrés ? » commença-t-il par demander à sa petite assemblée de stagiaires. Non pas du tout comme vous le croyez : « les visages pâles ». « Ça, c'est bon pour les westerns d'Hollywood. Eh bien, ils nous surnomment les borgnes ou les boiteux ! » Stupeur dans l'assemblée. « Savez-vous pourquoi ? Parce que nous sommes dramatiquement amputés de ce qu'ils nomment « le côté gauche de la conscience », la conscience de rêve, le pouvoir de vision ! »

    Côté gauche de la conscience = hémisphère droit ! (8) Nous n'appréhendons la réalité qu'à travers un seul œil, et de ce fait nous ne marchons que sur une seule jambe. Il n'y a pas mieux pour se casser la figure !

   Un maître mot en conclusion de ces deux lettres mensuelles : dialogue et équilibre bi-hémisphériques sont les garants incontournables d'une bonne santé physique, psychosociale et spirituelle, le gage aussi de notre avenir en tant qu'humanité.

  Spirituel, un mot ô combien tabou, dans une société encore si unilatéralement et dramatiquement HGD ! En attendant, méditons, à la lumière du danger de toute prévalence hémisphérique inhibitrice, la parabole de l'homme avisé et de l'homme insensé, de la maison fondée sur le roc, ou sur le sable ...

Patrick Duvivier

Notes :

1. Pour information, le dernier livre de Denys, annoncé dans notre lettre précédente est sorti : « Nouvelle Mécanique Ondulatoire (NMO) », Denys Lepinard, Les Éditions du Panthéon. https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/nouvelle-mecanique-ondulatoire-nmo/

2. D'après Matthieu 8 : 24-27 ; Luc 6 : 47-49.

3. Voir dans la biographie du site Swedenborg le chapitre intitulé « Métanoïa », celui aussi qui le précède et qui le suit : http://emmanuelswedenborg.info/biographie/metanoia.html

4. Il est très étonnant de trouver régulièrement dans les récits d'EMI profondes, chez des personnes tout à fait ordinaires et même des enfants, de nombreuses références à un tel niveau d'appréhension du réel. Un niveau de connaissance directe, spontanée, immédiate et globale, qui se passe de tout processus de conceptualisation mentale, de raisonnement intellectuel, de pensée cérébrale. Mode d'appréhension et de connaissance dite « intuitive », qui fait que « l'on connaît, parce que l'on est » l'objet de connaissance en question, en vertu de ce que C. G. Jung nomme « la faculté de participation mystique ».

5. Denys m'a fait parvenir la note suivante à ce sujet : « Je travaille actuellement sur le dialogue bi-hémisphérique entre le Moyen Âge et l'époque moderne. Dans ce travail je décortique le plus finement possible les étapes, siècle par siècle, et même depuis les Grecs, de ce dialogue et l'importance qu'y prend chacun des hémisphères. À ce sujet la foi intuitive de Swedenborg me fait penser à celle de Saint Bernard de Clairvaux, que j'oppose à celle rationnelle d'Abélard. » Je n'ai lu ni Bernard de Clairvaux ni Abélard, et je veillerai à combler cette lacune dès que faire se pourra. J'aimerais souligner, pour ce qui concerne Swedenborg, qu'il ne s'agit en rien d'une forme de « foi aveugle » et irrationnelle. Bien au contraire, un des grands traits de son génie - constamment souligné par tous les auteurs de renom qui se sont donnés la peine de le lire et de l'étudier, ce qui n'est pas une chose aisée - est qu'il ne s’est jamais départi de l'exercice de la pensée critique et de sa méthodologie scientifique. Il n'a fait, après ses premières révélations, que l'appliquer scrupuleusement au domaine spirituel, en la doublant d'une critique acérée des dogmes dominants des Églises et des mouvements sectaires de son temps. Ce qui lui valut un procès en hérésie doublé d'une interdiction de tous ses Écrits dans son propre pays, la Suède. Condamnation qui le poussa à s'exiler, à l'âge de 82 ans, à Londres, où régnait alors une relative liberté de penser. Un des grands leitmotive de sa philosophie mystique, qui caractérise parfaitement sa pensée était : « Maintenant il est permis d'entrer intellectuellement dans les mystères de la foi ». « Mystères de la foi » qu'il faut à présent traduire par « connaissances spirituelles ». De ce fait, Swedenborg est à mes yeux un bon exemple d'une pensée, certes puissamment HDD, mais en rien inhibitrice de la fonction hémisphérique gauche. Au contraire, son œuvre est le fruit d'un dialogue bi-hémisphérique parfaitement équilibré, exceptionnellement profond et fécond.

6. De telles approches, porteuses d'une forme de spiritualité laïque, moderne, avec une grande ouverture sur la diversité et la complémentarité des traditions ainsi que sur les sciences, sont à l'opposé précisément de toute forme de sectarisme, religieux autant qu'athéiste ou scientiste.

7. « The Way of the Shaman. A Guide to Power and Healing », Michael Harner, Harper & Row, Publishers, 1980. The Way of the Shaman is an introductory handbook of shamanic methodology for health and healing. But, moving beyond the immediate, practical considerations, Michael Harner has also provided a groundbreaking, invigorating work of psychological and spiritual exploration.

8. En raison de ce que l'on appelle la décussation, l'hémisphère gauche contrôle plutôt la partie droite du corps, et l'hémisphère droit, la partie gauche.

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Lettre mensuelle de novembre 2019 :

« La mort radieuse »

Chers amis (es),

    Nous avons évoqué lors de notre précédente lettre du mois d'octobre dernier un certain nombre de domaines de modulations et de prévalences de la fonction bi-hémisphérique de nos cerveaux. Fonction bi-hémisphérique qui, comme nous l'avons vu, conditionne le fonctionnement de notre corps et de notre psyché, au quotidien, au fil de notre existence terrestre, et collectivement, des cultures et des sociétés. En conclusion, nous avions souligné l'importance vitale d'un dialogue bi-hémisphérique dynamique et équilibré, en pointant du doigt le handicap potentiellement dommageable que représente toute latéralisation inhibitrice d'une des deux fonctions hémisphériques au détriment de l'autre.

   Nous avons également parlé du phénomène de basculement radical d'une prévalence hémisphérique à une autre, chez certaines personnes, en invoquant le cas historique de Swedenborg. J'aimerais revenir sur ce point majeur, car il est capable de tous nous concerner à un moment ou un autre de notre vie.

  Renversement qui résulte bien souvent d'une crise existentielle profonde susceptible d'entraîner une refondation complète de notre système de croyances, de valeurs et par conséquent de nos vies.

    J'ai l'exemple de ma petite-fille qui juste après avoir passé un bac scientifique avec mention, s'est tout à coup réorientée vers une formation artistique. Comment un cerveau fait-il pour passer du jour au lendemain des mathématiques et de la physique au dessin et à la peinture ?

   Un autre exemple dont j'ai été témoin en psychothérapie, fut celui d'un directeur d'entreprise, redoutable « business-man », obsédé par la recherche de pouvoir, de statut social et de richesse qui, suite à une grave maladie, s'est entièrement recentré sur les valeurs humaines, pour se tourner, avant qu'il ne soit trop tard, m'avait-il dit, vers une recherche de spiritualité authentique. Comment un cerveau fait-il pour passer en quelques mois du domaine de « l'avoir » à celui de « l'être » ?

    J'aimerais aborder, après ce préambule, un autre exemple de basculement hémisphérique gauche dominant (HGD) à un mode hémisphérique droit dominant (HDD) des plus drastiques et spectaculaires, celui des NDE ou EMI.

    Tout le monde ne sait pas toujours ce que signifient ces acronymes : NDE en anglais (Near-Death Experiences) expériences proches de la mort, ou EMI en français (expériences de mort imminente). Il s'agit de ces expériences que beaucoup de personnes - qui ont vécu une phase de coma profond ou même de mort clinique (arrêt cardiaque, électroencéphalogramme plat) - rapportent après avoir été ramenées à la vie, parfois in extremis, grâce aux techniques de réanimation modernes.

    Mais en quoi consiste exactement ces expériences ? Pour simplifier à l'extrême, disons que :

    - La personne commence par « sortir de son corps physique » ». Alors en pleine conscience, elle fait l'expérience d'être dans un nouveau corps, fréquemment décrit comme étant lumineux. Elle se trouve alors souvent témoin de tout ce qui se passe dans l'environnement proche ou distant de son corps physique. Ces informations sont par la suite confirmées, au détail près, par l'équipe médicale, et les proches, qui pouvaient se trouver à ce moment parfois très loin du lieu de l'accident ou de l'intervention médicale.

    - Elle se trouve ensuite projetée à travers un tunnel, d'ailleurs plus souvent lumineux qu'obscur, de forme et de structure très diverse. Soulignons qu'il existe de nombreux autres « scénarios de passage » que celui de ce fameux tunnel (1).

    - Après cette traversée, la personne est amenée à rencontrer des proches décédés, des entités décrites comme étant des esprits, des guides spirituels, des êtres de lumière, des figures religieuses ou des divinités diverses. Dans 70% des cas, les sujets parlent d'une rencontre avec une « Lumière » surnaturelle rayonnante et resplendissante, qui prend autant de formes qu'il y a d'individus.

    - Cette Lumière est très souvent surnommée par les témoins « l'être de lumière ». Soulignons ici qu'elle revêt continuellement un certain nombre d'attributs précis. Elle est unanimement vécue comme une « Présence », éminemment « Vivante », comme étant même la « Vie » par excellence, la « Source » de tout être, de toute chose, de tout ce qui est, de l'univers entier. Elle s'affirme comme une « Personne », un « Moi », décrit comme surpuissant et infiniment bienveillant. Archétype de toute Humanité, elle prend donc souvent une forme humaine dont l'apparence varie en fonction de chaque personne.

    - Une des descriptions les plus universellement attestées est celle d’éprouver en présence un amour inconditionnel d'une profondeur et d'une puissance incommensurables. Plus de la moitié d'entre eux font l'expérience d'une connaissance universelle, capable de répondre absolument à toutes les questions : la fonction de ce plan d'existence terrestre, la cause et la raison d'être du mal, le pourquoi de la souffrance, de la folie meurtrière des guerres, etc. Un niveau de connaissance qui peut également concerner n'importe quel domaine de savoir : mathématique, physique, scientifique, technologique, etc. ou de sagesse : psychologique, philosophique, métaphysique, spirituel, etc.

    - Avant, pendant ou après, selon chacun, cette expérience de rencontre et de symbiose avec la Lumière, la majorité des personnes rapporte l'expérience d'une « revue de vie », qui est toujours l'occasion de prises de conscience majeures. Réminiscence souvent bouleversante qui entraînera par la suite de profondes transformations, et des changements d'orientation existentielle plein de sens.

    - Une frontière est atteinte et le moment est venu de faire un choix : continuer ou revenir ? Après ce qu'ils viennent de vivre la plus grande partie d'entre eux ne souhaitent généralement plus revenir dans ce monde. La personne est parfois renvoyée malgré elle dans son corps physique, car, lui dit-on, ou le réalisant par elle-même, il lui reste encore des choses à accomplir ici-bas. Le retour peut s'accompagner d'un état de grâce plus ou moins durable, mais il est souvent aussi difficile voire douloureux. Le décalage avec le milieu ambiant, familial et social est manifeste. Il faut bien souvent des mois, voire des années afin de pouvoir intégrer cette vertigineuse expérience qui a fait voler en éclat le cadre de tout ce que la culture et la société nous ont inculqués.

    On ne pourra que constater, après ce résumé on ne peut plus succinct, que nous sommes à l'évidence déjà très loin de l'image pour le moins simpliste du « tunnel obscur et de la lumière blanche » constamment évoquées par les médias génériques. Ne nous faisons point d'illusion. Il s'agit bien en réalité d'une stratégie de censure rhétorique opérant par réduction extrême, typiquement HGD, que le contenu mystique ou spirituel des NDE dérange profondément, et qui fédère tacitement et unanimement tous les censeurs d'une « façon unique de penser » quelle qu'elle soit, religieuse, scientiste, ou politico-idéologique. Rien de plus aisé ensuite d'avancer la thèse complètement désuète - mais encore très généralement admise par tous ceux qui ne ce sont jamais donner la peine de lire aucun ouvrage spécialisé sur la question - de l'hallucination ou du « flash » final. Stratagème savamment alambiqué par le cerveau pour échapper à l'échéance de sa funeste extinction ? Merci dame Nature, devrait-on s'écrier, pour cette tromperie finale, cet artificieux mirage !

    Et ceci alors même qu'il n'y a pas une seule personne ayant vécu une NDE qui ne revienne sans assurer combien son expérience était réelle. Combien la réalité qui leur a été donné d'expérimenter s'est imposée à elle comme infiniment plus réelle que celle de ce plan d'existence terrestre. Nombreux sont ceux qui affirment avoir eu le sentiment d'être enfin passés dans le monde « Réel », dans la « vraie réalité ». Tous certifient avec insistance que leur expérience ne peut en aucun cas être assimilée à aucune sorte de rêve, de vision de l'esprit, ou d'hallucination. Le fait est d'autant plus frappant lorsque l'on a affaire à des témoignages émanant de médecins, de neurologues, de psychiatres, de philosophes ou de scientifiques, parfois initialement sceptiques, et qui ont généralement un très solide rationnel (2).

   Ajoutons à cela que, contrairement à ce que l'on pourrait penser, loin d'être un épiphénomène ce type d'expérience toucherait, d'après une récente et très sérieuse étude, une personne sur dix dans le monde (3). C'est tout simplement considérable. Faisons le calcul, à l'échelle de l'humanité, sur une population de 7,637 milliards, (4) on obtient 763 millions d'individus ayant fait l'expérience d'une NDE !

    On mesure d'autant plus ici l'énorme pouvoir de la censure normalisatrice de nos sociétés, si puissamment et dramatiquement matérialistes. Fondement philosophique d'un capitalisme acharné qui est en train de dévorer le monde. Point besoin d'être grand prophète pour annoncer une apocalypse à la hauteur de sa folie dévastatrice. Au prorata de ses coffres forts, avides de toute la souffrance des peuples besogneux et esclavagés, et dont les valeurs humaines les plus élémentaires servent, juste au pied de leurs portes blindées, de paillasson ! (5)

    Sachons encore que plus de 30 % des personnes ayant failli mourir, par maladie ou par accident, font l'expérience d'une NDE, et que 70 % d'entre elles rapportent avoir vécu une rencontre avec une lumière surnaturelle. Rencontre qu'elles décrivent comme étant l'expérience la plus puissante et la plus signifiante de leur vie. Presque toutes en reviennent radicalement transformées (6).

    C'est cette « transformation » post EMI qui intéresse ici notre sujet. Nous devrions mieux dire « les transformations », car elles sont nombreuses et diverses. Je vais tenter d'en énumérer un certain nombre qui reviennent très régulièrement dans les milliers de récits rapportés dans la littérature spécialisée sur les NDE (7) et sur le site de la NDERF (8).

   Je profite de l'occasion pour citer quelques passages de l'étude que je suis en train d'achever (9) :

    « Cette expérience de rencontre avec la Lumière opère dans la plus grande partie des cas de profondes transformations (10) c'est dire combien cette confrontation n'a rien d'anodin (11). Les prises de conscience et les leçons de sagesse qui en résultent sont d'une force, d'une grandeur et d'une beauté qui dépassent bien souvent tout ce qu'il est possible de normalement appréhender sur ce plan terrestre.

    Concernant les métamorphoses souvent radicales liées au fait d'avoir vécu une expérience de NDE profonde, nous ne résumerons ici que les quelques points qui sont apparus de-ci de-là dans le flot des citations évoquées dans cette étude (12). Nous y consacrerons ultérieurement une étude plus complète, en les mettant en parallèle avec les enseignements de Swedenborg au sujet de la “régénération” (13), ou du processus de transformation spirituelle que tout être humain est censé endosser à travers cette vie. Processus de spiritualisation qui serait, d'après de nombreux NDistes, la seule véritable raison d'être de cette existence terrestre. Voici une liste succincte de quelques-uns des changements qui en résultent.

    Le fait de ne plus avoir aucune crainte de la mort et de l'attendre même avec une sereine impatience, ainsi que de croire à présent en l'existence d'une Conscience Suprême, en est certes un des effets les plus immédiats et unanimes. Mais il s'ensuit bien d'autres prises de conscience. Comme celle d'accorder beaucoup moins d'importance aux choses matérielles, à l'accumulation de richesses, et à la notion de réussite sociale et extérieure. Celle encore de prendre davantage le temps de vivre, d'apprendre à être dans le présent, d'être attentif aux petites choses, à la beauté, à ce qui est positif et créateur. D'avoir une bien plus grande empathie pour les autres, de leur être plus présent, de partager davantage avec eux, de les accompagner et de les aider au mieux. De se rapprocher de son “identité profonde”, de prendre très au sérieux sa vie spirituelle et de veiller à la nourrir. De se mettre en quête de pratiques et de sagesses spirituelles diverses, en toute indépendance et bien souvent hors de tout contexte religieux. De respecter la vie sous toutes ses formes, de se dégager de toute dépendance, de manger et de vivre plus sainement. De se garder de toutes malhonnêtetés, de mentir, de tromper, d'envier et de spolier son prochain. De se défier de la peur, de ne pas se laisser emporter par la colère, de se tenir à distance de toute violence, de tout ressentiment, de tout esprit de revanche ou de vengeance. Beaucoup insistent sur le fait que ce lien qu'ils ont vécu avec l'Être de Lumière, avec l'univers, avec tous les êtres de cette création - au lieu de s'étioler et de se perdre - reste, et peut à tout moment être rappelé et réactivé.

    Beaucoup rapportent aussi l'apparition de facultés paranormales. Du fait que le pouvoir d'empathie, ou de “participation mystique” au sens jungien du terme, se trouve considérablement décuplé, la perception que l'on a de soi, des autres, du monde et de ses vicissitudes est entièrement transmuée. Cette nouvelle faculté de perception permet d'appréhender les êtres et les choses bien au-delà des apparences extérieures, bien souvent trompeuses. Elle génère par voie de conséquence toutes sortes d'expériences de clairvoyance, de télépathie, de prémonition, de visions. On assiste aussi régulièrement chez les personnes ayant vécu une NDE profonde à des guérisons spontanées de maladies parfois très graves, incurables, qui étaient sur le point d'emporter la vie du patient. Guérisons inexplicables, qui laissent bien souvent pantois les médecins et les équipes médicales alors complètement déroutés. Nombreux sont ceux encore qui manifestent des dons de guérison, in situ ou à distance. Signe que leur pouvoir de magnétisme s'en est trouvé considérablement accru, ou que certaines connexions d'esprits se sont créées. Il y a parfois encore des phénomènes de dédoublement ou d'OBE (Out of Body Experience) de sortie hors du corps, de bilocation, de télékinésie ou d'action à distance.

    Il faudra pourtant se garder de voir ces personnes comme des sortes de superhéros. Il ne s'agit en rien de cela. Ces dons ou ces facultés nouvelles ne sont d'ailleurs pas le fait de tous, et ils perdurent plus ou moins longtemps ou évoluent très diversement selon les cas. De plus, il faut bien comprendre que l'irruption subite et inattendue de tels changements psychologiques et de telles dispositions psychiques soulève bien souvent de nombreux problèmes avec l'entourage familial, social et professionnel, généralement dominé par la culture ambiante HGD. Il faudra bien souvent des années pour gérer l'irréversible décalage avec l'environnement social. Certainement beaucoup de temps aussi avant de pouvoir intégrer en soi et dans la vie de tous les jours les composantes de cet énorme “big bang”. Certains seront parfois tentés de taire leur expérience, de faire en sorte même de l’oublier, si tant est que cela soit possible, plutôt que de devenir des extraterrestres exilés sur la planète d'une humanité brutale, encore peu évoluée, et qui en est encore à ses balbutiements.

    Tous diront être infiniment reconnaissants d'avoir pu vivre une telle incursion dans cette autre dimension du réel. Reconnaissants d'avoir vu leur vision du monde, de la vie, de l'amour, de la mort, du phénomène humain, transformé d'une façon aussi positive et signifiante. Et cela même en dépit de l'irrémédiable divorce que cette traversée des apparences aura produit avec le cadre si puissamment normatif que la culture, l'éducation, la société et l'entourage imposent avec tant de certitude obstinée.

    Pour celui qui a vécu cette inconcevable immersion dans la lumière d'extase, qui a ressenti au plus profond de son âme l'intensité de cet amour si pur, si absolu, qui a été traversé par l'influx de cette inexprimable sagesse universelle, la vie a fondamentalement pris un autre sens. Celui d'un chemin de l'éveil intérieur. Il ne s'agit plus de simplement suivre l'autoroute, mais de gravir la montagne de conscience. De faire l'ascension, certes d'une lente maturation, mais relayée par tant de réalisations auparavant inconcevables, et promise à un sublime accomplissement. Celui qui consiste à regagner progressivement ce qui aura été donné par grâce, d'entrevoir une première fois. Qui voudrait dans ces circonstances revenir en arrière ? »

    Notons ici la définition de spirituel : « relatif à l'esprit ». J'aimerais évoquer - pour conclure ce bref passage en revue des transformations post EMI - un des enseignements de la tradition amérindienne qui m'a beaucoup parlé, tant il est contraire à l'image que nos cultures occidentales nous renvoient de la vieillesse. Quel est le but de cette existence est demandé à un vieil indien ? : « De pouvoir faire offrande au Grand-Esprit d'un vieillard parfaitement accompli ! » Accompli en sagesse et en bienveillance, il va de soi.

    J'ai eu le bonheur de tomber, au cours d'une récente lecture, sur une conférence du Docteur Mario Beauregard, neurologue à l'université de Montréal, intitulée : « La neurobiologie de l'expérience mystique » (14). Je voudrais dire combien il est réconfortant de voir qu'il existe à présent de nombreux scientifiques qui, au lieu de s'accrocher de façon dogmatique à leurs acquis académiques, manifestent une véritable ouverture d'esprit et curiosité scientifique pour tous ces domaines souvent encore considérés par leur communauté comme irrationnels et fantasques si ce n'est « pathologiques ».

    Les résultats de leurs nombreux travaux de recherche sont édifiants (15). Ils nous engagent bien souvent à revoir complètement notre façon de voir et d'interpréter la réalité propre à l'hémisphère droit, celui du « cerveau mystique » (16). Partie de notre cerveau que notre système éducationnel, notre culture, nos sociétés s'évertuent à censurer, inhiber, étouffer, atrophier ; au point de faire de nous et à notre insu, des « pauvres en esprit », avec toutes les conséquences dramatiques que cela implique.

    Il faut savoir que l'activité cérébrale enregistrée par l'électroencéphalogramme (EEG) se décline en quatre bandes de fréquences bien distinctes :

- Les ondes Bêta, de 14 à 40 Hertz, propres à l'état de conscience éveillée et d'activité    mentale    habituelle.
-  Les ondes Alpha, de 8 à 13 Hz, celles des états de relaxation et d'éveil passif et apaisé.
-  Les ondes Thêta, de 4 à 7 Hz, qui correspondent aux états de méditation profonde.
- Les ondes Delta, de 0 à 4 Hertz, qui correspondent au sommeil profond et à       certains états de coma.

    Ayant analysé les EEG de plusieurs moniales appartenant à un ordre contemplatif, après leur avoir demandé de se mettre dans un état de profonde intériorisation et d'union mystique, il est apparu une abondante présence d'ondes thêta dans différentes régions du cerveau.

    Le même protocole d'EEG quantitatif doublé d’une IRM fonctionnelle a ensuite été utilisé sur des personnes ayant vécu une EMI profonde, impliquant une expérience de rencontre et de symbiose avec la Lumière. Composante des EMI qui génère les transformations les plus marquantes sur le plan psycho-spirituel. En demandant à ces personnes de se plonger à leur tour dans la remémoration de leur expérience d'union avec l'être de lumière, il a non seulement constaté la même abondance d'ondes Thêta que chez les sœurs contemplatives, mais résultat des plus fascinants, découvert qu'à l'état de repos leur cerveau était continuellement inondé d'ondes Thêta et Delta. C'est comme si, souligne ce chercheur, leur EMI avait créé chez eux une modification permanente du fonctionnement cérébral, une sorte de mutation, qui fait qu'ils ont une bien plus grande facilité à demeurer en contact avec les états de conscience supérieurs, le plan spirituel ou l'être de lumière (17).

    Un cerveau mutant, puissamment HDD, enfin ! L'humanité en fin de compte a peut-être une chance de sortir du tunnel étriqué d'une conscience qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.

Patrick Duvivier

Notes :

1. Voir sur le forum Swedenborg, le sous-forum « La vie après la mort » : « Le Grand Passage ». Message du 25 Févr. 2018 : http://forumswedenborg.com/viewtopic.php?f=10&t=7022

2. Voir sur le forum Swedenborg, le sous-forum « La vie après la mort » : « Le Sentiment de Réalité ». Message du 8 Nov. 2017 :
http://forumswedenborg.com/viewtopic.php?f=10&t=7022

3. « Une personne sur dix dans le monde aurait vécu une expérience de mort imminente (EMI), selon une nouvelle étude présentée lors du dernier congrès de l'Académie européenne de neurologie à Oslo (Norvège). Les principales composantes du phénomène sont la sensation de flotter au-dessus de son corps, d'apercevoir une lumière au bout d'un tunnel, de ressentir un grand-bien être ou de rencontrer des proches disparus... Elles sont rapportées par des personnes ayant été confrontées à un danger mortel (arrêt cardiaque, traumatisme cérébral ou chirurgie lourde) ou non (sommeil, prise de drogue, méditation, syncope). Pour obtenir ce chiffre surprenant, les neurologues Daniel Kondziella, professeur à l'université de Copenhague (Danemark), et Jens Dreier, professeur de neurologie expérimentale à l'hôpital universitaire de la Charité de Berlin (Allemagne), ont posé la question « avez-vous vécu une EMI ? » à 1034 personnes de 35 pays. En cas de réponse positive, l'EMI a été validée, ou non, grâce au formulaire en 16 questions (et 32 points) appelé Greyson Near-Death Expérience Scale (GNDES). Mis au point en 1983 par Bruce Greyson, professeur de psychiatrie à l'université de Virginie (États-Unis), il permet de conclure à une EMI à partir de sept points. Les scientifiques ont également passé en revue 42 études jugées les plus sérieuses de ces cinq dernières années. » (Sciences et Avenir. Novembre 2019. N° 873. « Expérience de mort imminente : la piste neurobiologique se dessine », pages 40-42.)

4. La Terre hébergera au 1er janvier 2019, entre 7,6 et 7,7 milliards de personnes : 7,637 milliards précisément. La croissance de notre démographie a été d'environ 92 millions en 2018, soit une augmentation annuelle de 1,2 %, sensiblement la même que l’an dernier. Ce qui correspond à l'arrivée de 250 000 personnes supplémentaires chaque jour sur la Terre, en données nettes, c'est-à-dire naissances moins décès. D'après : http://economiedurable.over-blog.com/2018/12/la-population-mondiale-au-1er-janvier-2019.html

5. 1% de la population mondiale est plus riche que les 99% restants, 26 personnes détiennent à elles seules autant de richesses que 3,8 milliards d’individus, révèle un rapport accablant de l'Oxfam.

6. D'après une statistique de la NDERF : NDERF / Ressource / Media / Information générale pour les médias Fr / Généralités sur les EMI / 18. Changements de comportements et de croyances : https://www.nderf.org/French/media_writeup.htm

7. Consulter à ce sujet la bibliographie commentée :
http://emmanuelswedenborg.info/enseignements/lavieapreslamort/viepostmortembiblio.html

8. NDERF (Near Death Experience Research Foundation) Fondation de recherche sur les expériences de mort imminente : www.nderf.org

9. « La mort radieuse. Rencontre avec l'Être de Lumière dans les NDE, à la lueur des enseignements d'Emmanuel Swedenborg sur le Soleil spirituel : un nouveau paradigme pour les temps futurs. »

10. - « Expériences de Mort Imminente : 1res rencontres internationales. Martigues - 17 juin 2006 », S17 Production, 2007. Chapitre : Les transformations suite à une EMI. Conférences : - Dr Sylvie Dethiollaz. « Pouvoir thérapeutique, transformation de l'individu après une EMI. L'EMI négative », Pages 148-166. - « Expériences de mort imminente. Perceptions d'une vie après la mort », Bernard Baudoin, Éditions De Vecchi S.A., Paris 2006. Chapitre : « Les effets d'une NDE », pages 65-76.

11. « Les transformations à long terme d'une expérience qui ne “dure” que quelques minutes constituent un résultat surprenant et inattendu » (Conscience et Cerveau, conférence du Dr Pim van Lommel, page 51, dans : « Expériences de Mort Imminente », S17 Production, 2007).

12. Sur la base de 110 récits de NDE, tous empruntés à la plus importante banque de données mondiale sur les NDE. Voir le site de la NDERF : https://www.nderf.org/French/index.htm

13. Voir, sur le site Swedenborg « La vie une voie de la transformation » :
http://emmanuelswedenborg.info/enseignements/pagesmenu/laregeneration.html

14. « Expériences de Mort Imminente : 1res rencontres internationales. Martigues - 17 juin 2006 », S17 Production, 2007. Chapitre : Les transformations suite à une EMI. Conférences : - Dr Mario Beauregard. « La neurobiologie de l'expérience mystique », pages 168-184.

15. « La vie au-delà de la mort. Quand la science trouve des réponses », Bernard Baudouin, Éditions Trajectoire, 2014.

16. Voir les deux lettres précédentes, et plus particulièrement la fin de la lettre précédente (ci-joint en PDF).

17. « Ces résultats ne supportent pas l'hypothèse d'un “module de Dieu”, qui serait localisé uniquement au niveau des lobes temporaux. Nous avons observé des activations dans le lobe temporal, mais aussi dans beaucoup d'autres régions impliquées. Les expériences mystiques sont complexes, globales, multidimensionnelles. Si on regarde la phénoménologie des expériences, on se rend compte que ça implique des changements au niveau perceptif, cognitif, émotionnel et au niveau de la représentation du corps. Il n'est donc pas surprenant de voir plusieurs régions, plusieurs systèmes cérébraux, impliqués dans la médiation des différents aspects des expériences mystiques. » (« Expériences de Mort Imminente : 1res rencontres internationales. Martigues - 17 juin 2006 », S17 Production, 2007. Chapitre : Les transformations suite à une EMI. Conférences : - Dr Mario Beauregard. « La neurobiologie de l'expérience mystique », page 178.) Il faut lire cette conférence pour comprendre tous les préalables que ces résultats inscrivent en contrepoint de ces thèses assumées pas un certain nombre de chercheurs, régulièrement reprises par les médias de vulgarisation scientifique (typiquement HGD), qui n'ont de cesse que de nous faire croire que les vastes domaines de l'expérience mystique seraient le fait de toxines ou de virus cérébraux spécifiques, ou seulement dus à des fluctuations électriques dans les lobes temporaux, ou plus précisément le seul lobe temporal droit. Rien de plus commode en effet que de réduire à l'extrême le très complexe métabolisme cérébral impliqué dans tous ces états de supraconscience, de façon à en minimiser la réalité, pour en dénier plus aisément la légitimité. Et que dire dans ce contexte des très nombreux cas de NDE vécus en état de mort cérébrale complète ?


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