Être régénéré c'est de naturel devenir spirituel.

La vie spirituelle, c'est d'aimer le Divin et son prochain
la vie naturelle, c'est de s'aimer soi et d'aimer le monde.






 

 

 

Gestation intérieure


    L'homme doit être formé comme de nouveau dans un utérus et renaître intérieurement.

(AC 4931)

  Toute régénération a lieu afin que l'homme reçoive une vie nouvelle, ou plutôt la vie, et que d'homme mort il devienne homme vivant.

(AC 848)

   La régénération a pour fin que l'homme devienne nouveau quant à son homme intérieur, ainsi quant à son âme ou son esprit (sa conscience).

(AC 3539)

   L'homme par ses parents ne naît pas dans la vie spirituelle, mais il naît dans la vie naturelle. La vie spirituelle, c'est d'aimer le Divin par-dessus tout et d'aimer son prochain comme soi-même. La vie naturelle, c'est de s'aimer plus que Dieu et d'aimer le monde plus que le prochain.

(AC 8549)

   Être régénéré c'est de naturel devenir spirituel. La faculté de comprendre est appelée rationalité, et la faculté d'agir, est appelée liberté. L'homme a ces deux facultés, pour qu'il puisse de naturel devenir spirituel, ce qui est renaître ou être régénéré.

(DA 425 ; DP 83)

   Être de nouveau engendré, c'est être régénéré. La régénération est une renaissance quant à l'homme spirituel. Celui-ci est d'abord introduit dans l'innocence de l'enfance, puis à mesure qu'il avance en âge, d'abord dans la science, ensuite de la science dans l'intelligence, et enfin de l'intelligence dans la sagesse.

(VRC 326 ; CE 279)

    L'homme intérieur et l'homme externe sont appelés à faire un, et c'est là être de nouveau engendré, et l'homme externe ne devient interne que quand tous les mauvais penchants de sa nature ont été mis à distance.

   Toute personne qui sait ce que c'est que d'être réengendré nouvel homme, est capable de saisir que la nouvelle personne est absolument autre que l'ancienne. La nouvelle personne est dans l'amour des choses spirituelles, car ces choses font ses plaisirs et ses béatitudes, tandis que l'ancienne est dans l'amour du monde, des choses terrestres et externes, qui font tous ses plaisirs.

   L'homme nouveau regarde les fins dans le ciel, tandis que le vieil homme regarde les fins dans le monde. De là il est bien évident que l'homme nouveau est tout autre que le vieil homme. Pour que l'homme soit conduit de l'état de vieil homme dans l'état de l'homme nouveau, les concupiscences du monde (définition : désir vif des biens terrestres) doivent être dépouillées, et les affections du ciel doivent être revêtues, ce qui se fait par d'innombrables moyens.

(AC 4063)

  Il est notoire que l'âme de l'homme commence dans l'ovule de la mère, qu'elle est ensuite perfectionnée dans son utérus, et que de là elle est enveloppée d'un corps très délicat, et en même tel que par lui l'âme puisse agir de façon adéquate dans le monde dans lequel elle naît. Il en est de même lorsque l'homme naît de nouveau, c'est-à-dire quand il est régénéré ; la nouvelle âme qu'il reçoit alors est d'abord comme dans un ovule, ensuite elle y est perfectionnée comme dans un utérus. De là il est évident que la régénération est représentée comme en une image dans la formation intra-utérine de l'homme.

(AC 3570)

 
 

     Ce thème de la nouvelle ou de la seconde naissance de l'homme a son origine dans la Bible :

    «
Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai dans votre poitrine un souffle nouveau. J'enlèverai de votre chair ce cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair, et je mettrai mon esprit au-dedans de vous. »

(Ez 36 : 26 ; voir aussi 11 : 19)

     Il prend une dimension encore plus forte dans le fameux entretien avec Nicodème, que j'aimerais évoquer, tant la tension dramatique et la puissance symbolique de ce texte sont fortes :

    « Il y avait parmi les Pharisiens un homme important du nom de Nicodème. Il vint de nuit trouver Jésus et lui dit : Maître, nous savons que tu es un guide qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut faire les signes que tu fais si Dieu n'est pas avec lui.

    Jésus lui répondit : Eh bien oui, je te le dis, à moins de naître à nouveau, personne ne peut voir le royaume de Dieu.

    Nicodème lui dit : Comment un homme pourrait-il naître de nouveau une fois vieux ? Pourrait-il retourner dans le ventre de sa mère pour naître une deuxième fois ?

    Jésus lui répondit : En vérité, je te le dis : personne s'il ne naît d'en haut ne peut entrer dans le royaume des cieux. Car ce qui naît de la chair est chair, et ce qui naît du souffle sacré est esprit. Ainsi en est-il de tout homme qui est né de l'Esprit.

    Nicodème lui répondit : Mais comment cela peut-il être possible ?

    Jésus lui répondit : Toi, qui es maître et qui enseignes en Israël, tu n'as même pas la connaissance de ces choses ? En vérité je te le dis, nous parlons de ce que nous savons, et nous témoignons de ce que nous avons vu, et pourtant vous ne voulez pas de notre témoignage. Si vous ne me croyez pas quand je vous parle des choses terrestres, comment alors pourrez-vous me croire quand je vous enseignerai les choses du ciel ? »

(Jean 3 : 1-12)

    Ce processus de transformation intérieure, que Swedenborg nomme le processus de régénération, n'a rien à voir avec une quelconque conversion chrétienne ou pratique baptismale, car il commence en fait dès notre naissance et l'on pourrait même dire dès notre conception.

    Il ne devient toutefois réellement effectif que bien plus tard, à l'âge adulte, lorsque l'individu entre en pleine possession de lui-même et de ses responsabilités, à savoir de cette double faculté que Swedenborg nomme : le "rationnel" et le "libre arbitre". Seulement donc lorsque qu'il entre en possession, d'une part de son rationnel, qui consiste dans l'exercice de son entendement ou de sa faculté de "discernement", et d'autre part de sa liberté, qui consiste dans l'exercice de sa volonté propre et indépendante, de son "intentionnel".

    Tout ce qui précède n'est qu'une longue et progressive préparation qui n'a en vue que l'émergence en lui de cette double faculté qui le rend libre et responsable, devant lui-même, devant les hommes et devant Dieu. Ce n'est qu'à ce moment-là que commence véritablement son histoire, au moment où il devient apte à choisir les valeurs sur lesquelles il va fonder sa vie, valeurs qui vont déterminer la qualité particulière de sa "sphère de vie", et conditionner en second lieu ses "plaisirs de vivre".

   Ces valeurs, fondatrices de sa personne et déterminantes de son destin, ne lui seront acquises, ni immédiatement, ni facilement. Elles ne vont se former que très progressivement en lui, selon un lent processus de maturation que Swedenborg s'applique à nous décrire dans ses Écrits avec beaucoup de détails et de précisions. C'est là que ses enseignements se révèlent infiniment précieux, du point de vue de la connaissance de soi.

  Ce long et laborieux processus de formation et de gestation intérieures, qui amène l'individu à devenir véritablement lui-même, c'est-à-dire pleinement Homme, est à l'image, nous dit-il, de la conception et de la formation intra-utérine, analogue à la lente gestation de notre moi social et terrestre. Il y a de fait une sorte de connivence symbolique, de "correspondance", entre ces deux processus formateurs, sauf que dans le cas de ce qu'il nomme notre seconde naissance, il ne s'agit plus de la construction de notre moi terrestre ou externe, mais de la création de notre moi intérieur, spirituel.

    Nous allons voir dans les chapitres suivants de quelle façon l'émergence de cette seconde nature a lieu.



page suivante


page précédente

page menu

page d'accueil