L'homme est régénéré à travers toute sa vie,
de son premier à son dernier instant.

Il sera dit comment l'homme monte, c'est-à-dire est élevé,
du dernier degré au premier.







 

 

La montée


    Que l'homme ne puisse être régénéré que successivement, c'est ce qui peut être illustré par toutes et par chacune des choses qui existent dans le monde naturel. L'arbre ne peut croître arbre en un seul jour, mais il germe d'abord d'une semence, puis à partir de la racine sa tige devient tronc dont sortent des branches avec des feuilles, enfin surviennent les fleurs et les fruits. Un homme ne parvient pas non plus en un seul jour à la stature d'homme et encore moins à la sagesse.

(VRC 586)

    L'homme qui est régénéré est comme de nouveau conçu, formé, enfanté et élevé.

 (DADS IV)


    Celui qui est régénéré est d'abord conduit comme un petit enfant, puis comme un jeune garçon, ensuite comme un adolescent et enfin comme un adulte.

 (AC 3665)

    Il en est comme d'un enfant qui apprend d'abord à marcher, puis à parler, à penser et à comprendre, ensuite les spirituels influent, et ainsi il s'en pénètre.

(AC 3203)

    Pendant l'enfance, l'homme est dans une vie très obscure, au sens où il ne connaît presque rien, mais néanmoins cette obscurité s'éclaircit peu à peu par degrés, ainsi n'influe-t-il d'abord en lui que des choses générales, qui deviennent par degré plus distinctes.

(AC 848)

    Il est reconnu que nous naissons sans information, et sans capacité de raison, mais seulement avec la faculté de les recevoir. C'est ensuite, que nous apprenons et que nous intégrons, étape par étape, les choses de la vie. Et tandis que nous apprenons les choses, d'abord à travers nos sens, la vue et l'audition, nous développons un rationnel. Nous pouvons voir que cela se produit par le corps, c'est-à-dire par la voie externe. Ce que nous ne savons pas, c'est que pendant ce temps il y a quelque chose qui influe continuellement de l'intérieur, qui reçoit et qui dispose tout ce qui entre de l'extérieur, pour le mettre ensuite en ordre.

(AC 2557)

   Il sera dit comment l'homme monte, c'est-à-dire est élevé, du dernier degré au premier. L'homme naît dans le dernier degré du monde naturel, il est ensuite élevé par les connaissances dans le second degré, et selon que par les connaissances il perfectionne son entendement (compréhension), il est élevé dans le troisième degré, alors seulement il devient rationnel (intelligent). Ces trois degrés d'ascension dans l'homme, sont successivement ouverts, selon son degré de réception.

(DA 67)

    Tout homme naît corporel, devient sensoriel, ensuite naturel, et successivement rationnel, et si alors il ne s'arrête pas, il devient spirituel. S'il s'avance ainsi, c'est afin que soient formés en lui les plans sur lesquels s'appuient les supérieurs, comme un palais sur ses fondations. Le dernier plan avec les niveaux dressés dessus peut être comparé à un terreau dans lequel, quand il est préparé, sont jetées les nobles semences.

 (Am C 447)

    La régénération se fait par la réception de l'amour et de la sagesse et par l'ouverture alors des degrés intérieurs du mental dans leur ordre.

(DA 187, 263)

    Il y a chez l'homme par création trois degrés de vie : le naturel, le spirituel et le céleste. Ils sont ouverts par l'amour, car l'amour est la conjonction même. Dans le degré naturel l'homme devient savant, dans le degré spirituel l'homme devient intelligent, dans le degré céleste l'homme devient sage.

(DP 32, 34 ; VRC 152)

    Ces degrés sont dans chaque homme dès la naissance, et ils sont successivement ouverts selon sa vie dans le monde. Selon qu'ils sont ouverts et ensuite perfectionnés, l'homme est conjoint de plus en plus intimement au Divin, et cette conjonction peut être éternellement augmentée.

(DA 67 ; DP 32)

    L'homme qui est régénéré, contrairement à ce que certains pourraient croire, ne l'est pas immédiatement mais seulement petit à petit, à travers de nombreuses années, et en fait à travers toute la vie, de son commencement jusqu'à son dernier instant. C'est ce qui peut être illustré par les changements d'état que chaque homme subit depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse. Il est reconnu qu'autre est l'état de l'homme dans son enfance, autre dans sa jeunesse, autre dans son âge adulte, et encore autre dans sa vieillesse, et que cette succession d'états sert à nous amener à la sagesse propre au vieil âge.

(AC 4063)

 
 

    Le processus de gestation et de transformation à la fois extérieur et intérieur dans lequel tout homme est engagé, à travers les quatre âges ou les quatre saisons différentes de son existence terrestre, est un processus évolutif progressif et ascendant, qui doit normalement, et je dirais presque naturellement, le conduire de l'innocence de l'enfance à la sagesse du vieil homme.

    Swedenborg s'applique avec passion tout au long de ses enseignements, à définir les étapes successives de cette lente montée de la conscience vers la lumière divine. Il est intéressant de voir comment il décline et définit les échelons de cette ascension dans des termes sans cesse différents. Cela montre que nous avons à faire à une pensée vivante et inspirée, qui ne se laisse jamais enfermer dans une systématisation rigide et une rationalisation réductrice. Swedenborg ne construit pas un système de pensée, il décrit une réalité qui le dépasse totalement avec le langage qui est le sien.

    Résumons d'abord l'expression la plus simplifiée qu'il nous donne de cette dynamique transformatrice, pour aborder, dans les chapitres suivants, les descriptions plus détaillées et approfondies qu'il en fait ailleurs.

    Le processus de régénération nous fait passer, à travers notre existence terrestre, de ce qu'il nomme l'homme naturel et externe, dominé par l'amour de soi et du monde ou des choses terrestres et externes, qui ne considère donc que les fins dans le monde, à l'homme interne et spirituel, dominé par l'amour du Divin et du prochain ou des choses spirituelles ou internes, et qui ne considère plus que les fins dans le ciel. Il nous fait ainsi passer de l'ancienne personne ou du vieil homme à la nouvelle personne ou au nouvel homme et ainsi de la mort à la vie ou de la vie naturelle à la vie spirituelle.

    Voici un tableau qui résume quelques-unes des expressions régulièrement utilisées par Swedenborg :

 
 
Homme naturel ou externe
Naître de nouveau

Deuxième naissance

Nouvelle naissance

Nouvelle création

Régénération


Liberté
&
Rationalité


Agir à partir
de notre volonté
et de notre pensée


Homme spirituel ou interne
Vie naturelle
Amour de soi et du monde
Amour des choses terrestres et externes
Regarde les fins dans le monde
Vie spirituelle
Amour du Divin et du prochain
Amour des choses spirituelles et internes
Regarde les fins dans le ciel
Mort
Homme mort
Vieil homme
Personne ancienne
Vie
Homme vivant
Nouvel homme
Nouvelle personne
Dépouillement
des concupiscences du monde
Purification des maux et des faux
Revêtue des affections du ciel
Mental ouvert au ciel
 
 

    Il importe de bien comprendre qu'il n'y a pas ici un dualisme foncier et irréductible, du type bien-mal, entre ces deux principes en apparence opposés. Il s'agit plutôt de deux pôles, certes opposés dans leur principe, mais en même temps indissociables l'un de l'autre et profondément complémentaires, en cela que l'un ne peut exister sans l'autre et vice versa. Sans un homme externe ou naturel il ne pourrait y avoir d'homme interne ou spirituel et réciproquement. En réalité, comme nous le verrons plus loin, et sous certaines conditions, le mal lui-même est nécessaire à l'édification du bien dans l'homme.

    Les amours de soi et du monde ne sont donc pas mauvais par définition, il s'agit plutôt d'une question de prédominance ou de préséance. S'aimer soi-même plus que le Divin, ou aimer les choses terrestres et matérielles plus que son prochain, représente surtout une inversion des valeurs et des priorités, nécessairement dommageable, et on peut en trouver de nombreux exemples en nous-mêmes comme autour de nous.

    En fait, c'est cette bipolarisation de notre nature humaine qui génère toute la dynamique transformatrice de notre être et de notre vie, et les petites flèches, qui représentent la flèche du temps de toute existence humaine, plutôt que d'aller de gauche à droite, vont en fait de l'extérieur vers l'intérieur, du bas vers le haut.

 


Ciel

Homme interne
ou spirituel

flèche

Terre


Homme externe
ou naturel

 


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