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Fausses croyances
Swedenborg s'attaque d'abord aux deux systèmes de croyances qui prévalaient en son temps, celui des religieux d'un côté, celui des scientistes et des athées de l'autre. C'est d'autant plus intéressant que nombre de ces croyances sont aujourd'hui encore présentes.
Voyons d'abord ce qu'il nous dit de la doctrine que professaient alors presque toutes les Églises de son temps :
« La croyance commune jusqu'à présent a été que les hommes ne sont jugés, pour monter au Ciel ou être précipités aux enfers, que le jour du jugement dernier, et que les corps, quoique rongés par les vers et entièrement réduits en poussière, seraient recomposés par la Divine puissance, pour être réunis aux âmes. Que cela n'arriverait qu'à la fin du monde, quand l'univers visible périrait.
Ceux qui pensent d'après quelque sagesse ne peuvent évidemment croire que ce qu'ils saisissent en quelque façon, et la foi aux choses impossibles n'existe pas. C'est de là aussi que tirent un argument négatif ceux qui ne croient pas dans la vie après la mort. »
(JD 24, 35, 40)
Voici ce qu'il dit de la conception plus métaphysique que de nombreux "philosophes" s'en faisaient :
« La commune opinion sur l'état des âmes après la mort, et par suite aussi sur celui des esprits, c'est que l'homme serait alors comme un souffle, dont on ne pense autre chose que ce qu'on pense de l'air, d'une vapeur ou du vent. Qu'il serait, soit volant dans l'air, soit demeurant dans un lieu, mais dans un "on ne sait où" qu'on appelle un "quelque part". D'après cette idée on dit qu'il ne serait dans aucune étendue, par conséquent ni dans l'espace ni dans le temps, et qu'il ne verrait rien parce qu'il n'aurait pas d'yeux. »
(CJD 3, 4 ,6, 14, 30, 32 ; VRC 29)
On peut sentir dans sa façon de rapporter ces croyances une certaine ironie, qui ajoute du piquant à son discours. Voyons ce qu'il nous dit de l'opinion athée, qui commençait à se répandre de plus en plus :
« L'homme "sensuel" (dominé par les sens), ne peut nullement croire dans la vie de l'homme après la mort, parce qu'il ne le saisit pas, car l'homme sensuel ne peut faire autrement que de penser naturellement, même au sujet de choses spirituelles. C'est pourquoi les choses qu'il ne voit pas avec les yeux de son corps et ne touche pas avec ses mains, il affirme que cela n'a aucune existence.
L'homme dont l'interne est tellement externe, qu'il ne croit que ce qu'il peut voir de ses yeux et toucher de ses mains, est dans des illusions sur toutes les choses spirituelles. »
(CE 461, 462 ; DC 45, 53)
L'expression "homme sensuel" recouvre beaucoup de choses, d'abord la seule conscience du corps et de ce qui nous vient à travers les sens, mais aussi à travers la conscience égocentrée du moi et du mental. Comme nous le rappelle constamment la Bible, l'homme est esprit avant d'être corps, et de ce fait, il n'a point été créé "pour ne se nourrir que de pain" ! En tout homme il y a une faculté de perception interne qui lui permet d'appréhender la réalité spirituelle de son être, du monde et du Divin, et qu'il importe de pouvoir éveiller et exercer régulièrement.
Voyons ce qu'il nous dit ensuite :
« Il m'a été accordé de me trouver pendant de nombreuses années dans la compagnie des anges, et aussi de m'entretenir avec ceux qui sont dans les enfers, parfois pendant toute la journée, du matin au soir, et ainsi d'être renseigné en ce qui concerne le Ciel et l'enfer. Cette expérience m'a été accordée afin que l'homme de l'Église ne continue pas dans la foi erronée concernant la résurrection au jour du jugement dernier, et l'état de l'âme avant ce jour. Cette foi étant une foi en ce qui est faux, plonge l'homme dans l'obscurité, induit le doute chez ceux qui pensent à ces sujets d'après leur intelligence, ce qui fait qu'ils rejettent finalement complètement l'idée d'une vie après la mort.
Afin donc, d'éviter que ceux qui pensent ainsi, comme c'est le cas chez un grand nombre réputés érudits, ne continuent de troubler les simples de foi et de cœur, et n'induisent d'épaisses ténèbres concernant Dieu, le Ciel et la vie éternelle, les sens intérieurs de mon esprit ont été ouverts par le Divin. Il m'a ainsi été accordé de m'entretenir, après leur décès, avec tous ceux que j'avais connus dans le monde, avec quelques-uns pendant quelques jours, avec d'autres des mois, et avec d'autres encore des années. Je me suis entretenu avec tant d'autres personnes défuntes que je sous-estimerais leur nombre si je mentionnais le chiffre de cent mille. »
(CE 312)
Le cadre est posé, et si le lecteur n'a pas accroché avec une telle annonce, c'est qu'il manque de curiosité, ou qu'aveuglé par ses préjugés et ses peurs, il ne peut pas encore entrer dans ce domaine de questionnement et de connaissance, pourtant légitime et en un sens même vital, que représente la mort.
Nous sommes prêts maintenant à pénétrer dans l'enceinte sacrée de ce grand mystère qu'est la mort, conduits par Swedenborg, qui va lever pour nous le voile de notre réalité actuelle pour nous faire découvrir les horizons insoupçonnés d'un autre plan de réalité, sous-jacent à ce monde terrestre et matériel. Suite : mourir
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