« Je vais vous révéler un mystère, nous ne mourons pas, Il en est ainsi pour la résurrection des morts : Il faut en effet que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, Quand donc cet être corruptible aura revêtu l'incorruptibilité,
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Il m'est permis de raconter dans un certain ordre comment de la vie du corps l'homme entre dans la vie éternelle, afin que l'on sache comment l'homme est ressuscité. Je vais rapporter, non ce que j'ai appris, mais ce qui m'a été montré par de nombreuses expériences. (AC 168-169) Pour ce qui concerne la vie des âmes ou des esprits novices, il m'a été montré par plusieurs expériences que l'homme ne réalise pas toujours, en arrivant dans l'autre vie, qu'il est dans l'autre vie, pensant être encore dans le monde, et même dans son corps. Cela résulte, non seulement de ce qu'il est tout à fait comme un homme, quant aux sens, aux désirs et aux pensées, mais aussi de ce que, pendant sa vie dans le monde, il n'a pas cru à l'existence de l'esprit, ni qu'il pût être tel. (AC 320) Que l'homme, quand il passe du monde naturel dans le monde spirituel, ce qui arrive à sa mort, emporte avec lui tout ce qui lui appartient, excepté son corps terrestre, c'est ce dont j'ai acquis la certitude par un grand nombre d'expériences. En effet, quand l'homme entre dans le monde spirituel, ou dans la vie après la mort, il est comme dans le monde dans un corps, mais son corps est spirituel. Lorsque le spirituel touche et voit le spirituel, c'est absolument comme lorsque le naturel touche et voit le naturel. De là résulte que l'homme, lorsqu'il est devenu esprit, ne sait autre chose sinon qu'il est dans le corps dans lequel il était dans le monde. Quand l'âme, qui est l'homme intérieur, est dégagée du corps, il est appelé esprit, et il apparaît alors entièrement en forme humaine. Cependant il ne peut en aucune manière être vu par les yeux du corps, mais seulement par ceux de l'esprit, et devant les yeux de l'esprit il apparaît comme un homme dans le monde. L'homme-esprit jouit aussi de tous les sens externes et internes dont il jouissait dans le monde. Il voit comme auparavant, possède également l'ouïe, le goût, l'odorat, et il sent aussi par le toucher comme avant. Il jouit de tous ses sens, mais d'une façon beaucoup plus exquise que dans le monde. Il souhaite, il désire, il convoite, il pense, il réfléchit, il est affecté, il aime et il veut comme auparavant. Il jouit de toutes ses facultés, telles qu'il les avait dans le monde, mais à un degré beaucoup plus élevé. Il converse aussi avec les autres, en un mot il est là comme il était dans le monde, au point que s'il ne pense pas qu'il est dans l'autre vie, il ne pourrait que croire qu'il est encore dans le monde. En effet la vie après la mort est une continuation de la vie dans ce monde. Quand l'homme passe d'une vie dans l'autre, ou d'un monde dans l'autre, c'est comme s'il passait d'un lieu dans un autre. Il emporte avec lui tout ce qu'il possède en lui comme homme, la mort ne concerne que son corps terrestre. Il emporte aussi avec lui sa mémoire terrestre, car tout ce que dans le monde il a entendu, vu, lu, appris, pensé, depuis sa prime enfance jusqu'au dernier souffle de sa vie, il s'en souvient. Néanmoins entre la vie de l'homme dans le monde spirituel et sa vie dans le monde naturel, il y a une grande différence. Ceux qui sont dans le Ciel sentent, voient et entendent d'une façon beaucoup plus exquise. Ils pensent aussi d'une façon plus sage que lorsqu'ils étaient dans le monde, car la lumière du Ciel surpasse de beaucoup de degrés la lumière du monde. La différence est comme celle qui existe entre la clarté et l'obscurité, entre la lumière du midi et l'ombre de la nuit. (AC 6054 ; CE 461, 462) Je puis affirmer que l'homme, dès qu'il meurt, est dans l'autre vie, et vit esprit parmi les esprits, et qu'alors il apparaît à lui-même et aux autres tout à fait comme un homme dans le monde, doué de tous sens internes et externes. Que par conséquent la mort du corps est seulement le rejet des choses qui avaient servi pour l'usage et pour la fonction dans le monde. En outre la mort elle-même est la continuation de la vie mais dans l'autre monde, qui est invisible aux yeux du corps terrestre, mais visible là, dans une lumière qui surpasse mille fois la lumière du midi. Je sais cela par une vive expérience de tant d'années et qui a continué jusqu'à présent. Voilà pourquoi je l'affirme, j'ai parlé et je parle encore avec presque tous ceux que j'ai connus dans le monde et qui sont morts et il m'a aussi été donné de voir les états de leur vie qui évoluaient. Que celui donc qui veut être heureux pour l'éternité, sache et croie qu'il vivra après la mort, qu'il y pense et s'en souvienne, car c'est la vérité. (AC 8939) Il m'a été donné par le Seigneur d'être en même temps dans le monde spirituel et dans le monde naturel et par suite de parler avec les anges comme avec les hommes, et de connaître par-là les états de ceux qui, après la mort passent dans un monde jusqu'à présent inconnu. Cela continuellement depuis vingt-sept ans, ainsi je puis par vive expérience décrire les états de l'homme après la mort, quels sont ceux des hommes qui ont bien vécu, et ceux des hommes qui ont mal vécu. (VRC 281) |
La question de la vie après la mort est l'une des plus fécondes de son oeuvre, là encore nous ne trouverons nulle part ailleurs de tels enseignements. Les quelques citations qui précèdent ne sont, dans ce domaine, qu'une petite entrée en matière. Les sujets, de notre condition et de notre destinée dans l'autre monde, ainsi que ceux de la nature des plans supérieurs et des mondes inférieurs de même que du plan intermédiaire qu'il nomme le "Monde des Esprits", y seront développés plus loin, voir : La mort est une renaissance En attendant, la réponse de Swedenborg à cette question est directe et sans embage, soulignant ses dires par un : "je l'ai vérifié par de nombreuses et vives expériences" ! Oui il y a une vie après la mort, car l'homme est esprit avant d'être corps. Mais cela nous le savions déjà, avec Jésus et Socrate. Par contre, que nos esprits aient une corporalité, qu'il nomme le "corps spirituel", doté de toutes ses facultés et de tous ses sens, voilà qui est plutôt nouveau. Que nous nous y retrouvions dans un environnement typiquement "terrestre", bien que d'une autre nature, et que nous nous y inscrivions en parfaite continuité avec ce que nous étions, surprend encore davantage. Nous sommes en droit de nous demander alors quelle différence il pourrait y avoir entre ces deux conditions : terrestre et spirituelle, d'autant que, d'après les dires de Swedenborg, certains semblent dans un premier temps ne même pas réaliser qu'ils sont passés d'un monde dans un autre. Ne nous arrêtons pas à ce premier postulat, car il y a des différences considérables et à tous les niveaux entre ces deux plans d'existence terrestre et spirituel. D'emblée il s'agit d'une condition de conscience et d'existence beaucoup plus haute, qui atteint des degrés de perfection insoupçonnés. L'esprit, la conscience, dégagée de sa lourde enveloppe de matière est un peu comme un papillon qui sort de sa chrysalide, du coup sa corporalité et ses sens s'en trouvent comme sublimés. Nous serons par la suite amenés à nous dépouiller progressivement de ce que Swedenborg nomme : "les terrestres", ou "les externes". Libéré de cette gangue extérieure qui nous emprisonne, nous en sortons bien plus "nous-mêmes", et jouissons de conditions d'évolution en principe bien meilleures. Mais attention, il ne s'agit pas non plus d'une sorte de paradis idyllique, car la destinée de chaque personne y est très différente, elle n'y est plus autant soumise aux circonstances du monde extérieur, comme sur la Terre. Là, le jeu des circonstances et des rencontres y est fonction de ce qu'est la personne, de là où elle se trouve sur son chemin. Les circonstances extérieures y sont donc beaucoup moins "extérieures" à nous-mêmes qu'elles ne l'étaient dans le monde. Elles y sont en parfaite résonnance avec ce que nous désirons être, et là où nous voulons aller, pour le meilleur, ou pour le pire ! C'est, nous l'avons vu, la condition de la liberté qui est le fondement même de l'homme.
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