« Ce qui est en premier c'est l'être animal, l'être spirituel vient ensuite. Tel aura été l'homme terrestre, tel aussi sera l'homme céleste. »
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Dans le monde, en toute chose créée, tant vivante que morte, il y a un interne et un externe, il n'y a pas l'un sans qu'il y ait l'autre, comme il n'y a pas d'effet sans cause, et toute chose créée ne vaut que pour sa valeur et sa qualité interne, tout sage dans le monde en juge ainsi. (VRC 595) L'homme a été créé pour vivre à la fois dans le monde spirituel et dans le monde naturel. Le monde spirituel est le lieu où sont les esprits et les anges, et le monde naturel, là où sont les hommes. C'est pour cela qu'il lui a été donné un interne, par lequel il est dans le monde spirituel et un externe par lequel il est dans le monde naturel. Son interne est ce qui est appelé l'homme intérieur et son externe, ce qui est appelé l'homme extérieur. (DC 36 ; VRC 401) Chez chaque homme il y a un homme interne et un homme externe. L'homme interne est celui qui est appelé l'homme spirituel et l'homme externe, celui qui est appelé l'homme naturel. Chez l'homme qui n'a pas été régénéré, l'homme naturel commande, et le spirituel sert, mais chez celui qui a été régénéré, l'homme spirituel commande et l'homme naturel sert. De là il est évident que chez l'homme dès la naissance, l'ordre de la vie est inversé, or cet ordre doit être renversé pour que l'homme soit sauvé, et ceci n'est possible qu'au moyen de la régénération opérée par le Divin. (DC 179) L'homme interne est formé à l'image du Ciel, l'homme externe à l'image du monde. Ainsi dans l'homme, le monde spirituel et le monde naturel ont été réunis. L'homme interne et l'homme externe sont absolument distincts, comme le Ciel est distinct de la Terre. L'homme interne est dans un degré supérieur, en lui existent des milliers de choses qui apparaissent comme une seule chose commune dans l'homme externe. (DC 36-53) |
Nous sommes deux, en chacun de nous il y a deux "moi", le "petit moi" et le "grand moi", ou plutôt le "moi" qui est l'égo, et le "Soi", S majuscule, ou moi profond. Il y a la personnalité de surface et il y a ce que nous sommes véritablement en profondeur, au-delà de toute apparence extérieure. Il y a l'être intime que nous sommes, et notre personnalité sociale. Cette double nature, nous explique Swedenborg, est fondamentale, car elle conditionne toute notre destinée, ici-bas comme ensuite dans le monde spirituel, les mondes supérieurs et les mondes inférieurs. En effet nous naissons dans un état initial de "tohu-bohu", dans lequel ce qui est en haut se trouve en bas et ce qui est en bas, en haut. Nous commençons par être dans un ordre inversé, ordre qu'il va nous falloir renverser. Nous allons devoir redresser l'arborescence des valeurs qui nous animent et dans lesquelles nous vivons. Faire en sorte que l'instance la plus profonde et la plus haute de notre être, puisse prédominer sur tout le reste, et en particulier sur ce que Swedenborg nomme "les terrestres", c'est-à-dire tout ce qui appartient à l'ordre des valeurs extérieures, sociales et mondaines. Ce qui ne veut pas dire qu'elles n'aient pas leur place et leur rôle à jouer, elles ont aussi bien sûr leur légitimité. C'est plutôt une question de hiérarchie et de préséance dans l'ordre des valeurs et des choses, qui fait que ce qui est essentiel puisse prédominer, et ce qui est secondaire y être soumis. Par-delà notre existence et notre destinée terrestres nous sommes, à travers l'homme interne, en constante communication avec le monde invisible, le monde spirituel. De ce fait nous sommes les vecteurs de communication privilégiés entre le monde visible et invisible, liens médiateurs par excellence entre les mondes intérieurs et le monde extérieur.
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